Souheila Yacoub à Cannes: «Dune 2 m'a ouvert les portes de Hollywood»

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Festival de CannesSouheila Yacoub: «Dune 2 m'a ouvert les portes de Hollywood»

La Romande de 31 ans est à l'affiche du film absurde et gore «Les Femmes au balcon» et s'apprête à jouer cet été avec Nicolas Cage. Interview.

Fabio Dell'Anna, Cannes
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Fabio Dell'Anna, Cannes

Il s'agit de sa troisième apparition au Festival de Cannes. Éclatante et élégante, Souheila Yacoub a ébloui la montée des marches pour «Les Femmes au Balcon» de Noémie Merlant, présenté hors compétition en Séance de Minuit, samedi. Arborant un somptueux costume Dior, la Romande de 31 ans n'a pu retenir ses larmes à la fin de la projection. «C'était la première fois qu'un film dans lequel je joue est visionné dans le Grand Théâtre Lumière», nous confie-t-elle le lendemain, sur la terrasse ensoleillée du Palais des Festivals.

La standing ovation de plus de cinq minutes a amplifié son émotion. Un hommage que mérite le long-métrage «Les Femmes au Balcon», petit chef-d'œuvre d'absurdité narrant les péripéties de trois femmes confinées dans un appartement à Marseille, sous une canicule écrasante. Leur mystérieux voisin, source de tous leurs fantasmes, déclenche une série d'événements terrifiants et délirants, où la quête de liberté devient leur unique obsession.

Noémie Merlant propose une vision décalée et incisive de l'oppression du patriarcat, mêlant originalité, humour et une pointe de gore. Elle réussit un mélange des genres parfaitement dosé, livrant un film brillant et non moralisateur. Souheila Yacoub incarne Ruby, une jeune femme au caractère bien trempé, qui séduit par son sourire, son univers unique et sa légèreté désarmante.

Qu'avez-vous apprécié dans le scénario des «Femmes au balcon»?

J'ai suivi un peu l'évolution du scénario, et ce que j'ai aimé est ce côté hyperdynamique, très Almodóvar, avec un jeu burlesque que j'adore. Je viens du théâtre et quand je suis arrivée au Cours Florent à Paris il y a quelques années, j'ai aimé jouer des auteurs comme Copi, Jodorowsky et même Brecht, qui ont des œuvres très burlesques. Quand j'ai su que je jouais Ruby, je me suis dit que j'allais pouvoir m'amuser dans un projet que je n'avais pas encore exploré et que les gens n'avaient pas encore vu. Pour moi, c'était une expérience incroyable. J'ai vraiment été emportée par l'énergie du film et sa drôlerie. Surtout sa drôlerie.

Qu'avez-vous pensé quand vous avez découvert pour la première fois le film à l'écran?

Que mon look est assez spécial. (Rires.) J'ai vraiment aimé parce que je l'ai perçu comme un conte joyeux. C'est un film avec de nombreux thèmes porteurs d'espoir. Un mélange d'Almodóvar et d'un slasher coréen. C'est exactement ce que Noémie Merlant aime. Les couleurs, l'image, les personnages excentriques et la musique: tout est grandiose. La musique est le point culminant de ce film.

Vous jouez souvent des rôles qui ont un caractère bien trempé...

C'est vrai, mais j'adorerais tout jouer! J'attends les propositions. (Rires.)

«C'était un rôle très risqué. Il ne fallait pas tomber dans la caricature. Si je n'avais fait les choses qu'à moitié, les gens auraient été mal à l'aise de me voir nue»

Souheila Yacoub, actrice

On remarque aussi l'aisance que vous avez avec votre corps, même dans les scènes dénudées. D'où vient cette confiance?

Parce que c'est un film réalisé par une femme, et qu'il y avait une équipe très féminine sur le plateau. Cela ne veut pas dire que c'est mieux ou moins bien. J'ai adoré travailler avec de nombreux hommes et j'ai adoré travailler avec de nombreuses femmes. Mais, dans ce cas, j'étais très à l'aise avec toute l'équipe. Je savais que je devais m'engager pleinement parce que le rôle le demandait. Il fallait que je sois à la hauteur de ce que le personnage de Ruby exige. C'était un rôle très risqué. Il ne fallait pas tomber dans la caricature. Si je n'avais fait les choses qu'à moitié, les gens auraient été mal à l'aise de me voir nue. J'ai l'impression — et j'espère — qu'au début on me voit nue puis on oublie très vite mon corps parce que le personnage est bien développé.

Quelle scène vous a le plus touché?

La scène de fin, où nous marchons dans les rues de Marseille avec les tétons à l'air. Elle représente une utopie, une liberté qui n'existe pas encore. Je rêverais d'avoir cette liberté, de ne pas porter de soutien-gorge ni de maillot de bain. C'est un sujet un peu compliqué, mais cette scène était vraiment très belle. C'était la dernière journée de tournage et le dernier plan du film. Même si ce n'était pas la fin prévue à l'origine, nous avons toutes ressenti quelque chose de spécial en marchant ensemble dans cette allée. Toute l'équipe pleurer joie, et il y avait toutes ces femmes nues autour de nous. C'était puissant!

Les trois héroïnes du film «Les femmes au balcon»: (de g. à dr.) Sanda Codreanu, Souheila Yacoub et Noémie Merlant.

Les trois héroïnes du film «Les femmes au balcon»: (de g. à dr.) Sanda Codreanu, Souheila Yacoub et Noémie Merlant.

Tandem

Vous avez eu les larmes aux yeux à la fin de l'avant-première du film à Cannes. Qu'est-ce qui s'est passé?

C'est la pression qui est redescendue. Il était 2 h 30 du matin et c'était hyperémouvant de voir le film dans une salle comble. J'ai été à la Quinzaine plusieurs fois dans d'autres salles, mais c'était ma première fois dans le Grabd Théâtre Lumière (ndlr.: la plus grande salle du Festival de Cannes). J'étais hyper émue et je me disais: «Purée, mais c'est incroyable ce qu'on est en train de vivre!»

Vous vous êtes remise aussi de votre participation à «Dune 2»?

Je crois que je n'ai toujours rien compris. (Rires.) Tous mes partenaires étaient des acteurs cinq étoiles, j'ai vraiment vécu une expérience hollywoodienne.

Cela vous a offert d'autres opportunités hollywoodiennes?

Oui, «Dune 2» m'a ouvert des portes. Je vais tourner un film d'horreur cet été sur l'enfance de Jésus avec Nicolas Cage. J'ai également un deuxième projet cool, mais dont je ne peux pas encore parler.

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