InterviewLa Genevoise Souheila Yacoub dans Dune 2: «C'est fou d'avoir ma tête sur l'affiche»
La comédienne de 31 ans nous raconte tout du tournage le plus impressionnant auquel elle a participé. La 2e partie de «Dune» avec Zendaya, Timothée Chalamet et Javier Bardem est en salle mercredi.
- par
- Fabio Dell'Anna
Souheila Yacoub n'y croit toujours pas. En répondant à un numéro masqué, jamais elle n'aurait cru entendre la voix de Denis Villeneuve lui proposer le rôle de Shishakli dans «Dune 2». Elle a rapidement accepté l'offre. À partir de mercredi 28 février, vous pourrez donc la voir à l'écran aux côtés de Zendaya, Timothée Chalamet ou encore Austin Butler. «J'ai atterri sur ce plateau avec toutes ces stars que j'admire. Évidemment, je suis restée professionnelle, mais c'était fou», sourit-elle.
La Genevoise domiciliée à Paris nous raconte au téléphone le déroulement du tournage de ce blockbuster qui a duré six mois. «J'ai tout donné», confie-t-elle. Une phrase qui la résume parfaitement, car la Romande de 31 ans ne fait jamais les choses à moitié. En témoigne son parcours. Après une belle carrière de gymnaste, elle est élue Miss Suisse romande en 2012 et étudie la comédie. Puis, tout s'enchaîne rapidement: on la découvre dans un long-métrage de Gaspar Noé, on la voit à la Berlinale dans un film de Philippe Garrel et à Cannes où elle présente deux projets en 2023.
Comment avez-vous décroché le rôle de Shishakli dans «Dune 2»?
C'est encore un mystère. Je ne sais pas comment je suis arrivée dans cette production. J'ai entendu plein de versions différentes concernant la manière dont Denis Villeneuve m'a trouvée. Je me demandais aussi pourquoi Shishakli, qui est un homme dans les livres, est désormais une femme dans le film? Je sais juste que le changement de genre correspond totalement à l'histoire, car elle est dans une tribu très égalitaire et féministe. Le réalisateur voulait également créer un lien humain pour Chani, le rôle de Zendaya, afin de développer une belle amitié. Sinon, on ne parlerait que de grandes épopées, de la guerre et d'une histoire d'amour.
Qu'est-ce qui vous plaît dans votre personnage?
Elle est honnête et très badass. Elle est vraiment consacrée à la cause de sa tribu, les Fremen, et est loyale envers son amie Chani. Quand elle rencontre Paul (ndlr.: joué par Timothée Chalamet), elle mettra plus de temps à lui faire confiance. Je pense qu'elle ne lui fera d'ailleurs jamais confiance. Shishakli n'a finalement pas le choix que de l'accepter, car il peut être la clé de leur libération.
Le tournage a duré six mois. Combien de temps avez-vous tourné?
Les six mois. Nous avons commencé à Budapest pour toutes les parties à l'intérieur. Ensuite, nous sommes partis en Jordanie et à Abu Dhabi pour les séquences avec les Fremen. Même si je n'ai pas un rôle principal, je suis quand même beaucoup avec la tribu et il y avait pas mal de scènes.
C'était compliqué?
Dans les grosses productions hollywoodiennes, ce n'est pas toujours évident, car on ne tourne pas tous les jours. On est très heureux lorsqu'on est pris, mais il faut s'accrocher. On est un peu à leur disposition. Par exemple, je ne tournais pas les deux premières semaines, mais j'avais du coaching de combat et des cours de chakobsa, la langue imaginaire du film. J'avais quatre leçons par semaine.
Et comment s'est déroulé de manière générale le tournage?
C'était énorme, dans tous les sens du terme. Je n'ai jamais mis les pieds sur un plateau de cinéma aussi gros et avec autant de monde. C'était fou et super impressionnant. Je me souviens qu'à Budapest, les premières semaines, c'était la canicule, il faisait 46 degrés. On se réfugiait à l'appartement ou à l'hôtel dès que possible pour avoir la clim. En Jordanie, il faisait aussi extrêmement chaud. Le désert d'Abu Dhabi, ça a été très violent. Il fallait du temps pour mettre nos costumes. Je me souviens qu'à chaque fin de journée avec Zendaya, Timothée et Javier (ndlr: Bardem), on était tout mouillé. On ne voyait même plus la couleur de nos t-shirts. (Rires.)
Parmi ce casting incroyable, qui vous a le plus impressionée?
Javier Bardem. J'ai adoré son lâcher-prise. Je ne suis pas trop Actors studio, c'est-à-dire à me mettre dans le personnage des mois avant. Je suis très «Yallah!», voyant ce qui vient sur l'instant. Javier était dans le même état d'esprit. Toutes les prises étaient différentes et le rendu était surprenant. J'ai trouvé super chouette de jouer à ses côtés.
Un souvenir qui vous a particulièrement marqué durant le tournage «Dune 2»?
Il y en a plein. Pour créer des liens entre les acteurs, nous sommes allés voir «Top Gun» au cinéma, à Budapest. L'équipe avait réservé des places et il y avait d'autres personnes dans la salle. C'est là que j'ai remarqué à quel point Zendaya ou encore Timothée sont connus. C'était la cohue! Dans la rue, les gens sont hystériques. Ils ne peuvent pas sortir seuls. Un jour, j'avais proposé à Zendaya d'aller à la piscine. Elle m'a répondu que ce serait mieux qu'on aille au musée... Mais là aussi, ils ont fermé l'établissement pour notre visite. Elle ne peut plus se rendre spontanément où elle veut. Sa vie a changé..
Votre vie a-t-elle changé aussi?
Je vois les regards. Mais, en Suisse ou en France, c'est toujours avec gentillesse. C'est de la douceur, les gens sont contents pour moi. Il n'y a pas d'hystérie comme ça l'est avec Timothée Chalamet ou Austin Butler. Depuis la promotion du film, je vois tout de même une belle différence, mais je ne suis de loin pas une rockstar.
Avez-vous parfois douté durant cette aventure?
Parfois, je ne me sentais pas légitime d'être là. C'est un peu un combat contre moi-même dont je vais devoir parler avec ma psy. (Rires.) J'ai eu une bonne étoile sur ce long-métrage. Je n'ai passé aucun casting, je n'ai fait aucune lecture. J'ai simplement reçu un appel de Denis Villeneuve m'offrant le rôle. Je ne sais pas par quel miracle j'ai atterri sur ce plateau avec toutes ces stars que j'admire. Il fallait que je sois aussi bonne qu'eux. Ma partenaire principale est Zendaya et je voulais être à la hauteur.
Pourtant, vous n'êtes pas arrivée là par hasard.
Tout le monde me dit que j'ai eu le rôle car je correspondais aussi à ce que Denis Villeneuve recherchait. Ce qui est fou, c'est que mon nom est sur le poster, j'ai ma tête sur l'affiche! En petit, mais je suis là. (Rires.) Depuis que j'ai fini de travailler sur «Dune», j'ai enchaîné les tournages. J'ai fait deux films qui ne sont pas encore sortis, «Les Femmes au balcon» de Noémie Merlant et «Planète B» d'Aude Léa Rapinet. Il y a aussi la saison 2 de la série «No Man's Land» qui arrive sur Arte.
«Planète B» est un film de science-fiction. «Dune» vous a donné envie de continuer sur cette lancée?
Oui. (Rires.) C'est marrant. Je lisais le scénario quand j'étais sur le tournage de «Dune». Le rôle était déjà très stylé et c'est génial que ce soit un film français. Il y a une proposition artistique très forte et c'est innovant. Soit ça plaira, soit ça ne plaira pas du tout, mais c'est exactement où je veux aller.
Prête pour «Dune 3»?
Oui, il faut! (Rires.) Il y a plein de belles choses qui arrivent.