Proche-Orient: A l’ONU, pressions sur Moscou pour prolonger l’aide humanitaire en Syrie

Publié

Proche-OrientÀ l’ONU, pressions sur Moscou pour prolonger l’aide humanitaire en Syrie

L’ONU espère renouveler d’un an l’autorisation d’utiliser le dernier point de passage à la frontière syro-turque, qui expire le 10 juillet prochain.

Des centaines de camions apportent de l’aide humanitaire en Syrie depuis la Turquie. (Image d’illustration)

Des centaines de camions apportent de l’aide humanitaire en Syrie depuis la Turquie. (Image d’illustration)

AFP

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé lundi le Conseil de sécurité, en visant surtout la Russie, à renouveler pour un an l’autorisation d’aide humanitaire transfrontalière à la population du nord-ouest de la Syrie, un mécanisme dénoncé par Moscou qui fonctionne sans accord de Damas.

Créée en 2014, cette autorisation d’utiliser le dernier point de passage existant de Bab al-Hawa à la frontière syro-turque expire le 10 juillet. La Russie, qui a déjà imposé dans le passé une forte réduction des accès transfrontaliers au motif qu’ils violent la souveraineté syrienne, pourrait mettre son veto à une nouvelle prolongation.

«Bien que l’augmentation de l’assistance à travers les lignes de front ait été une réalisation importante, dans les circonstances actuelles, elle n’est pas à l’échelle nécessaire pour remplacer une réponse transfrontalière massive», a averti Antonio Guterres lors d’une réunion mensuelle du Conseil de sécurité sur la Syrie.

«J’appelle instamment les membres du Conseil à maintenir le consensus sur l’autorisation des opérations transfrontalières, en renouvelant la résolution 2585 pour une période supplémentaire de 12 mois». «C’est un impératif moral de répondre à la souffrance et à la vulnérabilité de 4,1 millions de personnes dans la région qui ont besoin d’aide et de protection», a-t-il plaidé.

Région d’Idleb

La population concernée vit dans la région d’Idleb qui reste hors de contrôle du régime syrien. Outre lui apporter une aide humanitaire, «un renouvellement de la résolution facilitera également d’autres projets de réhabilitation rapide» dans le pays, a assuré avant la réunion l’ambassadrice adjointe de la Norvège, Trine Heimerback.

Cette allusion à une participation occidentale à un début de reconstruction laisse entendre qu’une prolongation du mécanisme transfrontalier pourrait être proposée à Moscou en échange d’une aide accrue à des projets de relance financés par l’Occident.

La Russie réclame depuis longtemps à l’Occident de participer à la reconstruction de la Syrie mais certains membres du Conseil de sécurité, la France en tête, s’y refusent tant qu’une réforme politique ne sera pas engagée dans le pays.

«Réponse durable»

«En l’absence de solution politique, il n’y a absolument pas lieu de normaliser les relations avec le régime syrien et d’avancer vers la reconstruction», a encore déclaré lundi l’ambassadrice française adjointe, Nathalie Broadhurst, en rappelant qu’il s’agit d’une position intangible de l’Union européenne.

«La Syrie a besoin d’autant d’aide que possible, le plus rapidement possible», a ajouté pour sa part la diplomate norvégienne, dans une déclaration conjointe avec l’ambassadrice d’Irlande, Geraldine Byrne Nason. À l’ONU, ces deux pays sont en charge des négociations sur le mécanisme transfrontalier. Washington a également évoqué une possible participation accrue à des projets de réhabilitation en Syrie.

L’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, qui s’est rendue récemment à la frontière turco-syrienne, a souligné «le soutien des États-Unis aux efforts de réhabilitation rapide» en Syrie, qui peuvent concerner des installations médicales ou scolaires. C’est un «élément important de l’effort d’une réponse durable», a-t-elle dit, précisant que Washington était prêt à accroître son aide dans ce domaine dans l’année à venir.

Centaines de camions

Émirats arabes unis et Chine ont aussi parlé de pousser les projets de réhabilitation. On ne «parle pas assez» de ces derniers, a cependant asséné l’ambassadeur russe adjoint à l’ONU, Dmitry Polyanskiy. La Russie est «convaincue» que l’aide humanitaire à destination de «toutes les régions de Syrie» est possible via Damas sans utiliser le dispositif transfrontalier, a-t-il insisté, en accusant les sanctions internationales de favoriser la dégradation humanitaire en Syrie.

La semaine dernière, une trentaine d’ONG et six hauts responsables de l’ONU avaient déjà réclamé une reconduction de l’autorisation transfrontalière de l’ONU, concrétisée chaque mois par un transit à Bab al-Hawa de centaines de camions apportant de l’aide humanitaire au nord-ouest de la Syrie.

(AFP)

Ton opinion

1 commentaire