ItalieScission du Mouvement Cinq étoiles actée au Parlement
Une soixantaine de parlementaires italiens ont créé le groupe dissident, Insieme per il Futuro, à l’initiative du ministre des Affaires étrangères, Luigi di Maio.
La scission du mouvement italien Cinq étoiles (M5S), principale force du Parlement, a été officiellement scellée mercredi, avec la création d’un groupe dissident, une division précipitée par des tensions sur la guerre en Ukraine. Une soixantaine de parlementaires ont formé un nouveau groupe, baptisé Insieme per il Futuro (Ensemble pour l’Avenir), à l’initiative du ministre des Affaires étrangères, Luigi di Maio, ex-président du M5S. Ce mouvement atypique qui avait bâti sa popularité sur une posture antisystème lors de sa création en 2009, s’est fragmenté ces dernières années entre différentes factions, parallèlement à une chute dans les sondages le plaçant en délicate position en vue des élections de 2023. Au cœur des dernières tensions, la position vis-à-vis de la guerre en Ukraine, M. di Maio reprochant au M5S son «ambiguïté» quant au soutien de l’Italie à Kiev. Il s’opposait notamment à l’ancien Premier ministre Giuseppe Conte, partisan d’une solution diplomatique.
«Je commence un nouveau chemin avec d’autres qui regardent vers l’avenir», a déclaré mardi soir lors d’une conférence de presse le chef de la diplomatie italienne, qui a épousé les positions proeuropéennes et atlantistes du Premier ministre Mario Draghi, après avoir lui-même joué un rôle central dans la montée en puissance du M5S.
«Une fin annoncée»
«La révolution cinq étoiles, qui avait commencé dans les urnes il y a neuf ans, s’est peut-être terminée hier au Parlement», écrit mercredi le quotidien «Corriere della Sera», après une passe d’armes entre M. Conte et M. Di Maio. «C’est la fin, une fin annoncée depuis un certain temps» du M5S, confirme à l’AFP Piergiorgio Corbetta, professeur de sciences sociales à l’Université de Bologne (nord) et spécialiste du M5S.
Cette scission «aura forcément un effet sur l’ensemble du système politique, à commencer par Draghi, qui est désormais plus fragile qu’avant», écrit mercredi l’éditorialiste du quotidien La Stampa, Marcello Sorgi. Mais pour M. Corbetta, le gouvernement n’est «pas forcément en danger, car la situation internationale est si grave qu’elle pousse les législateurs à faire preuve d’un minimum de responsabilité politique».
Ancien chef de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, 74 ans, est à la tête d’un gouvernement de coalition rassemblant la quasi-totalité des principaux partis, sauf la formation d’extrême droite, Fratelli d’Italia.