Guerre Israël-HamasInonder les tunnels de Gaza est «une bonne idée»
Le chef de l’armée israélienne a cautionné les tests d’injection d’eau de mer dans le tentaculaire réseau de galeries creusé par le Hamas.
L’armée israélienne aurait, d’après des médias israéliens, commencé à tester l’injection d’eau de mer dans le tentaculaire réseau de galeries creusé par le mouvement islamiste palestinien dans la bande de Gaza. Ce dernier y attaque les militaires israéliens et y séquestre des otages enlevés lors de son attaque sanglante sur le sol israélien le 7 octobre. Ces massacres ont fait 1200 morts, selon Israël, qui s’est aussitôt juré d’«anéantir» le groupe armé et a lancé une offensive dans le territoire palestinien ayant fait plus de 18’780 morts, d’après le dernier bilan du gouvernement du Hamas.
«Le métro de Gaza»
Surnommé «le métro de Gaza» par les militaires israéliens, le dédale de galeries a d’abord servi à contourner le blocus imposé par Israël après la prise de pouvoir du Hamas dans ce territoire en 2007. Des centaines de galeries ont été creusées sous la frontière avec le Sinaï égyptien pour faire circuler personnes, marchandises, armes et munitions entre Gaza et le monde extérieur. Dans une étude publiée le 17 octobre, l’Institut de la guerre moderne de l’académie militaire américaine West Point évoque 1300 galeries sur 500 kilomètres.
Otages
Outre le piège mortel que constituent les tunnels pour les soldats israéliens, plusieurs des 105 otages libérés (sur quelque 250 enlevés le 7 octobre) lors de la trêve d’une semaine achevée le 1er décembre ont raconté y avoir été séquestrés, déplacés au gré des frappes et des combats au sol. L’armée israélienne reste discrète sur la façon dont elle entend condamner les tunnels après la guerre et lorsque les 132 otages restants, dont 19 corps, auront été ramenés.
Selon des sources israéliennes dans la presse, elle pencherait pour inonder les galeries avec de l’eau de mer pompée dans la Méditerranée, qui borde le petit territoire côtier. Des tests ont même commencé, qui se sont révélés probants, a affirmé jeudi la chaîne de TV publique Kan 11. Le chef de l’armée, Herzi Halevi, s’est contenté de dire que c’était «une bonne idée». De son côté le Hamas dit douter de la capacité d’Israël à parvenir à ses fins. «Ces tunnels ont été construits par des ingénieurs bien formés et qualifiés, et ils ont pris en compte toute sorte d’attaques potentielles, y compris les bombardements et l’eau», a déclaré jeudi Oussama Hamdane, un des responsables du mouvement islamiste palestinien au Liban.
Risque écologique
Certains scientifiques et responsables humanitaires disent craindre une contamination des nappes phréatiques par l’eau salée, aux conséquences catastrophiques pour l’accès déjà précaire des Gazaouis à l’eau potable. La bande de Gaza fait entre six et 12 kilomètres de large, et la salinisation des nappes phréatiques y est déjà un fléau, aggravé par la montée du niveau des océans. Ce à quoi il faut ajouter un réseau d’évacuation des eaux usées chroniquement défaillant et une «utilisation incontrôlée des pesticides et herbicides dans les zones d’agriculture intensive» de Gaza, s’alarme le professeur Eilon Adar de l’Institut Zuckenberg pour la recherche sur l’eau à l’université Ben-Gourion du Néguev. Ces trois facteurs «ont des conséquences très lourdes sur la qualité de l’eau à Gaza». Au point de «pouvoir affecter des générations à venir», a lancé jeudi la coordinatrice humanitaire de l’ONU pour les Territoires palestiniens, Lynn Hastings.