Hockey sur glace – L’appel à l’aide d’une star mondiale du hockey

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Hockey sur glaceL’appel à l’aide d’une star mondiale du hockey

Champion olympique en 2014 avec le Canada, figure emblématique du Canadien de Montréal depuis 2007, Carey Price fait face à des problèmes de santé mentale.

Emmanuel Favre
par
Emmanuel Favre
Carey Price a disputé la finale de la Coupe Stanley en 2021.

Carey Price a disputé la finale de la Coupe Stanley en 2021.

AFP

Il est probablement l’un des trois meilleurs gardiens en activité.

En mai et juin derniers, il avait été l’artisan No 1 de la fabuleuse épopée du Canadien de Montréal, qui s’était invité en finale de la Coupe Stanley pour la première fois depuis 1993.

En 2015, il avait décroché le Trophée Vezina, remis en meilleur portier de NHL, et le Trophée Hart, décerné au meilleur joueur de la ligue professionnelle nord-américaine.

En 2014, aux Jeux olympiques de Sotchi, il avait guidé le Canada à la médaille d’or.

Il, c’est Carey Price (34 ans), dernier rempart du Canadien de Montréal depuis 2007. Le baromètre du club. Le joueur de concession de l’équipe la plus médiatisée du monde.

Carey Price, dans le vestiaire du Canadien de Montréal en 2018.

Carey Price, dans le vestiaire du Canadien de Montréal en 2018.

E. Favre

Une icône.

Et, ainsi que son histoire l’a rappelé: un être humain.

Jeudi, Carey Price, cet homme qui n’a pas pour habitude d’exprimer ses émotions sur la glace, a demandé de l’aide et a intégré le programme mis en place par la NHL. Un programme qui encadre les joueurs désireux de régler leurs problèmes, dont ceux liés à des excès de consommation et à la santé mentale.

«Nous espérons pouvoir transmettre l’importance de placer la santé mentale à l’avant-plan.»

Angela Price, épouse de Carey Price

Si, par respect de la vie privée de son No 31, le Canadien n’a pas communiqué les raisons qui ont incité Price à solliciter cette aide, l’épouse du joueur a été explicite dans un post Instagram. «Nous espérons pouvoir transmettre l’importance de placer la santé mentale à l’avant-plan de ses priorités pas seulement en en parlant, mais en le démontrant et en prenant les actions pour devenir meilleur», a écrit Angela Price.

Le directeur général du Canadien, Marc Bergevin, a indiqué que Price sera absent pour au moins 30 jours. «C’est le minimum, mais ça pourrait être plus long. Pour l’instant, ce n’est pas ce qui est important pour l’organisation et moi.» L’important, c’est la santé de l’homme qui porte habituellement un masque, a-t-il ajouté avant de fondre en larmes lors d’une conférence de presse retransmise en direct sur plusieurs chaînes de télévision.

«Aujourd’hui, je pense à Carey Price, l’être humain, pas le gardien de but.»

Marc Bergevin directur général du Canadien de Montréal

«C’est dur. Ça fait neuf ans qu’on travaille ensemble. Aujourd’hui, je pense à Carey Price, l’être humain, pas le gardien de but.»

Un homme qui compose depuis des années avec une pression inouïe dans le plus gros marché de la planète hockey, où les joueurs du Canadien sont plus connus que la mairesse de Montréal ou le Premier ministre du Québec. Une réalité dont Price, qui a grandi dans une réserve autochtone de l’Ouest canadien, s’était fait l’écho en 2013 déjà: «Je m'ennuie de l'anonymat. C'est impossible d'y arriver ici. Je ne sors plus faire l'épicerie. Je ne fais presque plus rien, en vérité. Je suis comme un hobbit dans son trou.»

Carey Price, au centre de l’attention médiatique à Montréal.

Carey Price, au centre de l’attention médiatique à Montréal.

E. Favre

Le nom de Carey Price s’est ajouté à une liste de vedettes du sport, qui ont choisi de prendre une pause en raison de problèmes d’anxiété ou de dépression ces derniers mois. Avant lui, son coéquipier québécois Jonathan Drouin, la tenniswoman japonaise Nami Osaka et la gymnaste américaine Simone Biles s’étaient retirés de l’action pour ces motifs. «Les athlètes – malheureusement ou heureusement – ont longtemps été considérés comme des êtres extraordinaires, a expliqué la psychologue Amélie Soulard au «Journal de Montréal». On se rend compte maintenant que ce sont des gens ordinaires qui vivent des choses extraordinaires.»

Le Une du «Journal de Montréal» du 8 octobre.

Le Une du «Journal de Montréal» du 8 octobre.

L’appel à l’aide de Price a été abondamment commenté outre-Atlantique, avec une constante: la pression que doivent gérer les joueurs du Canadien. «Il faut croire que cette attention et la pression de son boulot ont fini par le bouffer, écrit l’éditorialiste du «Journal de Montréal» Marc De Foy. Quand on pense, il n’y a pas pire job chez le Canadien que celui de gardien.»

D’autres, comme son confrère Réjean Tremblay, pensent que le cas de Price peut servir d'exemple aux anonymes: «Ce qui est formidable, c’est qu’il ait demandé de l’aide. Publiquement. Le message est puissant. Si Carey Price, star à 10,5 millions de dollars par année, a la force de rendre publiques ses difficultés d’âme, alors Gilbert Tartempion et Alberte Lavoie qui travaillent au St-Hubert et qui ne sont plus capables de se faire suer pour les nouveaux boss de Toronto peuvent se le permettre aussi.»

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