Immigration illégaleLe Royaume-Uni annonce un accord avec l’Albanie
Les deux pays ont adopté un paquet de mesures comprenant un traitement accéléré des demandes d’asile et des expulsions massives pour les personnes déboutées.
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé mardi un accord avec l’Albanie dans le cadre d’un vaste paquet de mesures destinées à lutter contre l’immigration illégale, un dossier hautement sensible pour le gouvernement conservateur. Malgré les promesses du Brexit de «reprendre le contrôle» des frontières et les plans successifs, le Royaume-Uni n’a jamais vu autant de migrants traverser la Manche à bord de petites embarcations. Ils sont près de 45’000 à avoir effectué la périlleuse traversée depuis le début de l’année, contre environ 30’000 en 2021.
Pays «sûr et prospère»
Un tiers d’entre eux, près de 13’000, viennent d’Albanie, un «pays européen sûr et prospère», a souligné devant le Parlement Rishi Sunak. «Nous serons durs mais justes», a-t-il déclaré, annonçant que le gouvernement ferait expulser dans les mois qui viennent des «milliers» d’Albanais arrivés illégalement. Parmi l’éventail de mesures annoncées par Rishi Sunak, l’envoi d’agents de la police des frontières britannique à l’aéroport de Tirana, un relèvement du seuil pour qu’un demandeur d’asile soit considéré comme victime d’esclavage moderne, ainsi que des assurances de la part du gouvernement albanais selon lesquelles les victimes seraient protégées.
Service d’asile débordé
Face à l’afflux de migrants, le système d’asile britannique se trouve saturé. Selon les chiffres du ministère britannique de l’Intérieur, 143’000 demandes d’asile sont en attente. Près de 100’000 d’entre elles depuis plus de six mois, soit plus de trois fois plus qu’il y a trois ans. Le chef du gouvernement conservateur a annoncé un doublement du nombre des agents chargés d’examiner les demandes d’asile pour traiter les dossiers en souffrance «d’ici à la fin de l’année prochaine».
Le gouvernement va en outre recourir à d’anciens centres de vacances, résidences étudiantes ou locaux militaires pour réduire de moitié la facture de l’hébergement des demandeurs d’asile actuellement logés dans des hôtels. Plus de 10’000 places seront disponibles, a dit Rishi Sunak, après qu’un centre de transit surpeuplé et dont les conditions sanitaires ont été largement dénoncées, a fait scandale.
Il y a près de deux semaines, Rishi Sunak avait évoqué avec son homologue albanais Edi Rama la nécessité de combler les «failles qui empêchent le renvoi rapide des demandeurs d’asile déboutés». Cet échange avait marqué une volonté d’apaisement de la part du Royaume-Uni, après de vifs échanges entre les deux pays à la suite de propos polémiques de la ministre britannique de l’Intérieur, Suella Braverman.
La très à droite patronne du «Home Office» avait évoqué au Parlement une «invasion» de l’Angleterre par les migrants et s’était interrogée sur les réelles motivations des arrivants albanais, suscitant de vives réactions de l’opposition, de l’ONU, et la colère du gouvernement albanais.
Accusant Londres de discriminations, Edi Rama avait dénoncé «le discours insensé» du gouvernement britannique, lui reprochant de décrire les migrants, en particulier albanais, comme étant des «envahisseurs et des gangsters» pour détourner l’attention de «l’échec total de sa politique en matière de contrôle des frontières et de délinquance».