Hong KongRetour en grâce du festival des bateaux-dragons
Délaissée pendant la pandémie, une fête centenaire distinguée par l’Unesco a drainé jeudi des milliers de spectateurs à Hong Kong malgré une chaleur de plomb.
Des pirogues surmontées d’une tête de dragon qui rivalisent au son des tambours: la fête des bateaux-dragons est revenue en grâce à Hong Kong jeudi. «Pendant la pandémie, j’ai regardé les courses à la télévision, mais c’est bien sûr plus convivial d’être ici. L’événement se vit différemment derrière un écran, on ne ressent pas l’ambiance», explique à l’AFP Cheuk Shum, 43 ans, qui travaille dans la gestion des risques. Avant la mise sous cloche de Hong Kong pour cause de Covid, ce quadragénaire avait assisté aux huit dernières éditions de ce festival, tradition centenaire distinguée par l’Unesco, mais la pandémie l’en avait ensuite tenu éloigné. Comme Cheuk Shum, des milliers de spectateurs ont foulé jeudi le sable de la principale plage de Stanley, station balnéaire huppée du sud de l’île, signant le grand retour du public sur plusieurs rivages de la mégapole depuis la levée complète des mesures drastiques anti-Covid en mars.
«Le festival n’a jamais cessé d’exister, y compris pendant les années Covid», insiste auprès de l’AFP Jack Lam, bénévole depuis plus de dix ans au sein de l’association qui organise la course des bateaux-dragons à Stanley. «Nous avions maintenu l’événement à une bien plus petite échelle, mais ce n’était pas la même ambiance», reconnaît-il.
À Stanley, ils sont nombreux à être arrivés dès 8 h 00 du matin, avant même le coup d’envoi de la course. Malgré la moiteur et un mercure à plus de trente degrés, les spectateurs sont venus en nombre voir les 174 équipes de rameurs se disputer la première place à bord des pirogues longues d’une dizaine de mètres, ornées de têtes de dragon aux couleurs éclatantes.
Tradition centenaire
Certains participent pour la première fois au festival, classé par l’Unesco au patrimoine immatériel de l’humanité. Comme Christian Wertheimer, originaire d’Angleterre, qui est arrivé à Hong Kong en 2018. «À l’époque, j’étais en voyage au Japon pendant le festival, et après… Covid, Covid, Covid», souffle-t-il. «Ce type d’événements et la vie culturelle de Hong Kong nous ont cruellement manqué pendant la pandémie».
Célébrée le cinquième jour du cinquième mois du calendrier lunaire chinois, la fête des bateaux-dragons, manifestation à la fois culturelle et sportive, est une tradition vieille de plus d’un siècle en Chine. Connu aussi sous le nom de Tuen Ng, le festival commémore traditionnellement la mémoire de Qu Yuan, un poète chinois de l’époque du Royaume des combattants (à partir du Ve siècle avant JC) qui se serait suicidé par noyade dans une rivière après avoir été faussement accusé de trahison, explique à l’AFP Jack Lam.
«À l’annonce de sa mort, des villageois se seraient précipités dans l’eau et auraient ramé à la recherche de son corps, en vain», précise-t-il. «Ils auraient ensuite préparé des zongzi (ndlr: boulettes de riz enveloppées de feuilles de bambou) pour éloigner les poissons de sa dépouille, et les auraient jetées dans la rivière». Ces mets traditionnels continuent aujourd’hui de ravir les papilles des spectateurs des régates de bateaux-dragons, dont la première édition à Hong Kong a eu lieu en 1976.