Hockey sur glaceAurélien Marti à cœur ouvert: «Moralement, ça a été compliqué»
Lundi dernier contre Davos, le défenseur du LHC s’est fracturé le poignet gauche. Une blessure synonyme de fin de saison. Le joueur de 29 ans revient sur cet épisode douloureux.
- par
- Chris Geiger
Les douleurs physiques et mentales tentent de se résorber. Tant bien que mal. Le malheureux épisode est toutefois si frais, si amer aussi, qu’il est difficilement possible pour Aurélien Marti de tourner la page. Définitivement, du moins.
Lundi dernier, le solide défenseur vaudois voyait son poignet gauche céder dans un duel à priori anodin avec l’attaquant davosien Marc Wieser, lors d’un acte V des quarts de finale des play-off à oublier (défaite 1-0 du LHC). La soirée noire du shérif se terminait à l’hôpital, dans l’anonymat, bien loin de l’euphorie et la ferveur des séries pour le titre.
«Je sens ma main gauche se plier en deux»
«Je n’espérais évidemment pas une telle fin saison, souffle l’arrière de 29 ans. Sur cette action, tout est aller très vite. J’ai toutefois le sentiment que c’était un accident un peu bête.»
Du haut des tribunes, difficile de noter une quelconque gêne chez le Lion sur l’action en question. C’est uniquement lorsque celui-ci prend place dans l’ambulance quelques minutes plus tard que le remue-ménage médiatique commence.
«J’ai aussi regardé la scène à plusieurs reprises, sous tous les angles possibles, et c’est difficile de comprendre ce qu’il s’est passé, commente-t-il. Je me rappelle avoir voulu m’appuyer sur Marc Wieser. Mais au moment où je veux l’appuyer contre la bande, il en profite pour retourner derrière la cage. Et quand je le pousse avec mes mains, je sens ma main gauche se plier en deux. J’essaie alors de faire le mouvement inverse, mais je me rends compte que c’est cassé.»
L’intervention chirurgicale s’effectue le lendemain déjà, ce qui signifie que la bonne saison d’Aurélien Marti se termine sur ce terrible coup du sort.
Prouver en play-off
«À partit du moment où je savais que j’allais devoir subir une intervention, je ne voulais pas perdre de temps, explique-t-il. Plus vite je me faisais opérer, plus vite j’allais pouvoir commencer ma rééducation (ndlr: pas avant six semaines). Je voulais aussi que ça se fasse par rapport aux douleurs.»
Des douleurs physiques bien sûr, mais aussi mentales. Car le Vaudois, qui sortait d’un championnat régulier très positif (49 matches, 7 points), était encore parvenu à hausser son niveau en play-off face au HC Davos.
«Moralement, je ne cache pas que cette blessure a été compliquée à accepter, souffle Aurélien Marti. J’avais fait une bonne saison régulière et je voulais montrer que je pouvais continuer à jouer à ce niveau-là en séries éliminatoires. Je me sentais d’ailleurs vraiment bien dans la série.»
Sur la glace, le robuste défenseur (190 cm, 92 kg) a effectivement démontré face au «Rekordmeister» que son style de jeu physique était un atout indéniable pour le LHC, que ses nombreuses charges robustes étaient en droite ligne de ce qu’exigent les séries pour le titre.
«Soutien extérieur»
Sans leur No 7, les Lions ont toutefois réussi à passer l’obstacle davosien et à se qualifier pour la deuxième demi-finale de l’histoire du club, dont l’acte II contre Fribourg-Gottéron a lieu ce mercredi soir (coup d’envoi à 20 heures) à la Vaudoise aréna. Sur la touche, le joueur du cru parvient-il quand même à suivre l’épopée de ses coéquipiers?
«Oui, je suis d’ailleurs allé à la patinoire pour voir l’acte VII contre le HCD, glisse Aurélien Marti. Et comme j’ai dit à ma femme, j’étais plus stressé de regarder les matches que de les jouer. Depuis la tribune, j’avais envie que le match avance plus vite pour en connaître l’issue. À la sirène finale, c’était cool de pouvoir revoir les gars. Je ne veux toutefois pas aller tous les jours dans le vestiaire. Je préfère les laisser dans leur bulle et que l’attention ne se porte pas sur moi. Je suis donc plutôt un soutien extérieur.»
Le monde du sport professionnel possède ce côté cruel qu’il n’attend pas les athlètes temporairement inaptes au service. La vie d’une équipe et d’un club se poursuit, peu importe les événements. À l’image du LHC, dont les échéances sont programmées tous les deux jours.
«Malgré tout, énormément de gars ont pris le temps de m’écrire, souligne le Lausannois, reconnaissant. Geoff (ndlr: Ward, le coach) m’a aussi appelé en marge de mon opération. C’était cool de sentir un peu de soutien du vesitaire, mais mon plus gros soutien reste toujours ma femme.»
C’est désormais aux côté de sa conjointe qu’Aurélien Marti passe la plupart de son temps. Un virage à 180 degrés pour le défenseur, contraint d’abandonner le «mode play-off», la vie de groupe et les séjours dans les Grisons du jour au lendemain.
Le shérif ne baisse pas les armes
«Ce changement a été compliqué à vivre les premiers jours, reconnaît Aurélien Marti. Mais je suis quelqu’un de nature assez positive, alors j’ai déjà envie de rebondir après une telle frustration, de retrouver mon état de santé. Au mois d’août, c’est clair que je serai à nouveau à 100%. Dans l’immédiat, je profite de me reposer et, avec ma femme, de préparer l’arrivée de notre petite prévue au mois de juin.»
D’ici là, le futur papa espère vivre d’autres bons moments au cours des prochaines semaines, en suivant de près le parcours des Lions. «Je souhaite évidemment qu’ils gagnent et qu’ils aillent le plus loin possible.»