L’EPFL a fait son grand retour dans l’espace mardi

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TechnologieL’EPFL a fait son grand retour dans l’espace mardi

Un ordinateur de bord conçu par des étudiants de la haute école lausannoise équipe un petit satellite qui a été lancé avec la mission Starlink. Une première depuis 2009.

Comm/M.P.
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L’ordinateur de bord a été lancé à bord d’une fusée Falcon 9 ce 31 janvier.

L’ordinateur de bord a été lancé à bord d’une fusée Falcon 9 ce 31 janvier.

Starlink

Mardi 31 janvier, un nouveau lancement de satellites dans le cadre de la mission Starlink 2-6 a eu lieu en Californie. Un de plus dans ce projet de la société d’Elon Musk qui prévoit le déploiement de milliers de satellites de télécommunications sur orbite basse, Mais pour les étudiants de l’EPFL, ce lancement était particulier puisqu’il embarquait un dispositif créé par eux, ce qui n’était plus arrivé depuis 2009 et le CubeSat SwissCube.

Il s’agit d’un ordinateur de bord, nommé Bunny, imaginé par l’association d’étudiants de l’EPFL Spacecraft Team et qui est un prototype pour la future mission CHESS, dirigée par cette même association. L’objectif est de fabriquer et de lancer en 2026 deux CubeSats (des satellites miniatures en forme de cubes), qui étudieront l’atmosphère terrestre.

Afin de montrer que Bunny était capable de résister au lancement avec toutes les conditions ambiantes, telles que les accélérations et les vibrations, l’équipe a fait tester l’ordinateur dans les locaux de l’Université de Berne, où elle a pu secouer la structure de la charge utile et s’assurer que rien ne se détache.

Un ordinateur de 800 grammes

Bunny est une charge utile de 1 unité qui pèse 0,8 kg et est envoyé dans l’espace dans l’engin ION de la société aérospatiale italienne D-Orbit. Ce dernier a été lancé avec plusieurs autres satellites Starlink. Il s’est rendu sur une orbite terrestre basse à forte inclinaison qui n’est pas très utilisée mais qui convient à cet essai.

La charge utile Bunny dans une boîte en aluminium.

La charge utile Bunny dans une boîte en aluminium.

Clément Loyer/EPFL

Dans quelques années, un ordinateur semblable à celui-ci sera intégré dans le cadre du projet CHESS à deux CubeSats placés sur une orbite située entre la Terre et 1000 km d’altitude. Bunny est destiné à être l’ordinateur de vol du CubeSat, responsable du contrôle et du fonctionnement du satellite.

Dans la mission en cours avec D-Orbit, l’EPFL Spacecraft Team fait croire à Bunny qu’il est dans un CubeSat et qu’il exécute des commandes. Ainsi, en cas d’échec de cette mission, cela n’aura pas d’impact sur le satellite de D-Orbit et fournira des informations pour améliorer la conception de l’ordinateur.

L’équipe travaille sur ce projet à long terme depuis près de quatre ans déjà. Certains des étudiants qui y ont travaillé ou qui y travaillent actuellement ne seront pas témoins du lancement des deux satellites. En attendant, le projet Bunny a été réalisé en deux mois seulement, ce qui a permis à une équipe de plus d’une dizaine d’élèves de le mener à bien du début à la fin, en faisant l’expérience concrète de la fabrication et de la qualification d’un objet destiné à être lancé dans l’espace. «D’un point de vue éducatif, il est vraiment intéressant pour l’étudiante ou l’étudiant lambda de voir le processus de création d’un objet qui va être envoyé dans l’espace», indique Robin Bonny, vice-président de la section électronique de l’EPFL Spacecraft Team.

Le satellite ne sera pas un débris spatial

La mission Bunny est aussi spécifiquement conçue pour être durable, car l’engin spatial ION dispose de capacités de désorbitation actives qui lui permettent de réduire son altitude et de quitter l’orbite une fois la mission terminée. De plus, le satellite est équipé d’un voile de freinage développé par la société allemande HPS. Cette technologie permet d’éviter que le satellite ne devienne un débris spatial et ne constitue une menace pour d’autres engins spatiaux, conformément à la stratégie de l’EPFL visant à promouvoir la durabilité de l’espace.

Lorsque la mission CHESS sera lancée en 2026, elle le sera avec des composants testés en vol. Ce point est primordial car ce seront des charges utiles scientifiques de plus de 2 millions de francs suisses qui seront transportées. «Il semble logique que nous tirions parti de l’expérience acquise avec le SwissCube créé il y a plus de 10 ans, en affirmant qu’en tant qu’équipe d’étudiantes et d’étudiants, nous voulons démontrer que nous pouvons aller plus loin dans la complexité», conclut Robin Bonny.

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