Cambodge - Condamné pour génocide, le dernier dirigeant khmer rouge fait appel

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CambodgeCondamné pour génocide, le dernier dirigeant khmer rouge fait appel

Khieu Samphan, 90 ans, qui purge une peine de prison à vie, nie avoir pris part à la machine à tuer du régime de Pol Pot, qui a fait 2 millions de morts dans les années 1970.

Khieu Samphan a fait appel, lundi, de sa condamnation à la prison à vie pour génocide. Il nie avoir été partie prenante de la machine à tuer qui a exterminé près d’un quart de la population cambodgienne sous Pol Pot.

Khieu Samphan a fait appel, lundi, de sa condamnation à la prison à vie pour génocide. Il nie avoir été partie prenante de la machine à tuer qui a exterminé près d’un quart de la population cambodgienne sous Pol Pot.

AFP PHOTO/NHET SOK HENG/Extraordinary Chambers in the Courts of Cambodia

Khieu Samphan, le dernier haut dirigeant khmer rouge encore en vie, a fait appel lundi de sa condamnation à la prison à vie, pour son rôle dans le génocide commis il y a plus de quarante ans au Cambodge. Le régime communiste, dirigé par le «Frère numéro 1» Pol Pot, au pouvoir de 1975 à 1979, a fait deux millions de morts parmi les Cambodgiens, dans des camps de travail et des exécutions de masse, sans oublier la famine.

Ancien chef de l’État khmer rouge, Khieu Samphan, âgé aujourd’hui de 90 ans, conteste sa condamnation prononcée en 2018 pour génocide contre des minorités ethniques vietnamiennes.

Ses avocats ont fait valoir lundi que le tribunal soutenu par les Nations unies qui l’a condamné avait opté pour une «approche sélective» des témoignages et n’avait pas accordé l’importance voulue aux éléments en sa faveur. Ils ont également affirmé que le tribunal l’avait condamné en se fondant sur des critères juridiques qu’il ne pouvait pas connaître à l’époque où les crimes dont on l’accuse ont été commis il y a plus de quarante ans.

Condamné en même temps que le «Frère numéro 2»

La condamnation devrait être «nulle et non avenue», a lancé l’avocat de la défense Kong Sam Onn. Khieu Samphan avait été condamné en même temps que le «Frère numéro 2» Nuon Chea pour génocide et une longue série de crimes, notamment pour leur responsabilité dans des mariages forcés et des affaires de viols. Nuon Chea, l’idéologue du régime, est mort en prison en 2019.

Les deux hommes avaient déjà été condamnés à la prison à vie en 2014 par le tribunal pour crimes contre l’humanité au moment de la violente évacuation de Phnom Penh en avril 1975, lorsque les troupes khmères rouges ont forcé la population à l’exode rural pour la faire travailler de force dans les champs.

Khieu Samphan doit témoigner jeudi, le jour de la clôture de l’audience. À l’issue de son procès de 2018, il s’était adressé à la cour avec colère, niant les accusations portées contre lui et rejetant l’étiquette de «meurtrier» dans une prise de parole qui avait marqué les esprits.

J’ai perdu mon mari, mes parents et d’autres proches sous le régime.

Suos Phon

Khieu Samphan, l’un des rares visages publics des Khmers rouges, a affirmé ne pas avoir fait partie, dans des fonctions de chef de l’Etat, de la machine à tuer qui a exterminé près d’un quart de la population cambodgienne. L’ancien chef de l’Etat khmer rouge, apparemment en bonne santé, était assis derrière ses avocats au cours de l’audience de lundi, qu’il semblait avoir suivie avec attention.

Dans une pièce séparée se tenaient à l’écart en raison des restrictions face au Covid-19 les parties civiles, des survivants du régime de Pol Pot, écoutant les plaidoiries des avocats de Khieu Samphan. «J’ai perdu mon mari, mes parents et d’autres proches sous le régime», explique Suos Phon, 73 ans. «Son déni des crimes me fait tellement mal», a-t-elle déclaré à l’AFP, à l’issue de l’audience à propos de l’attitude de Khieu Samphan.

D’autres dignitaires khmers morts avant d’être jugés

Pol Pot, qui voulait transformer le Cambodge en majorité bouddhiste en une utopie agraire, est mort en 1998 sans avoir été jugé. L’ancien ministre des Affaires étrangères khmer rouge, Ieng Sary, et son épouse sont également morts avant d’avoir pu être jugés.

Le tribunal hybride, qui utilise le droit cambodgien et le droit international, a été créé avec le soutien des Nations unies en 2006 pour juger les hauts dirigeants khmers rouges. Il n’a condamné que trois personnes à ce jour et a coûté plus de 300 millions de dollars.

Le Premier ministre Hun Sen, l’homme fort du Cambodge, lui-même ancien cadre des Khmers rouges, s’est prononcé contre tout nouveau procès, affirmant que cela plongerait le pays dans l’instabilité.

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