France : Un an de prison ferme pour avoir tué son épouse violente et alcoolique 

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FranceUn an de prison ferme pour avoir tué son épouse violente et alcoolique

Après 42 ans de mariage, dont trente envahis par la bipolarité et les abus de sa femme, Patrice L. avait étranglé cette dernière le soir du 20 juin 2019.

Au centre des auditions, la mère a quasiment occupé toute la place des déclarations.

Au centre des auditions, la mère a quasiment occupé toute la place des déclarations.

AFP

Patrice L., jugé pour avoir étranglé son épouse, alcoolique et bipolaire, a quitté libre vendredi les assises de l’Hérault, après avoir été condamné à cinq ans de prison, dont quatre avec sursis, la cour semblant reconnaître le geste désespéré d’un «aidant» à bout.

«Un dossier complètement atypique»

«Ce n’est pas un féminicide tel qu’on l’entend» mais «un dossier complètement atypique, dans lequel l’aidant n’a pas supporté cette crise et est allé jusqu’à tuer sa femme», avait insisté l’avocat général lors de ses réquisitions, nettement plus lourdes, puisqu’il avait demandé huit ans de prison ferme. «Il ne s’agit pas d’un féminicide, c’est-à-dire un crime de genre», avait également relevé Me Iris Christol, avocate de la défense.

Cette dernière avait invité les jurés à envisager cette histoire en nommant l’accusé «Patricia» au lieu de Patrice: «Si Patrice avait été une femme, personne n’aurait osé demander une peine de prison ferme. Se faire jeter des objets à la figure, se faire poursuivre avec un couteau, se faire insulter, ce ne sont rien d’autre que des violences conjugales subies durant trente ans».

Prostré, assis dans ses excréments

Ana-Paula B. et Patrice L. étaient mariés depuis 42 années, dont trente envahies par la bipolarité et l’alcoolisme de l’épouse. Dans leur maison proche de Montpellier, le couple et ses trois enfants vivaient dans une tension permanente, rythmée par les tentatives de suicide répétées, une dizaine, de la mère de famille. A chaque fois, son mari l’avait secourue à temps. Après une énième crise, le soir du 20 juin 2019, Patrice L. a étranglé et asphyxié son épouse, retrouvée sans vie sur le sol de la chambre conjugale, le corps et le visage tuméfiés. L’accusé, aujourd’hui âgé de 67 ans, a été interpellé dans le garage, prostré, assis dans ses excréments, une corde avec un noeud coulant à ses côtés.

Au centre des auditions, la mère a quasiment occupé toute la place des déclarations. Sa personnalité débordante, ses amants répétés, son alcoolisme, ses violences physiques et verbales, sur son mari et ses enfants, ont été racontés, dénoncés, par la famille, les amis et même les experts.

«Je l’aimais toujours»

«Parfois, elle était méchante. Elle m’insultait, me rabaissait, me donnait des coups de poing, des coups de pied, me poursuivait avec un couteau, parfois devant les enfants», a raconté, à la barre, Patrice L., chemise bleue, lunettes, rasé de près. «Moi, j’essayais toujours d’éviter les conflits. Mais ça a mal fini», a-t-il répété. «Mais pourquoi ne pas avoir divorcé ?», lui a demandé le président. «Je l’aimais toujours, c’était ma moitié, je voulais finir ma vie avec elle», a justifié Patrice L.

Cet ancien agent EDF, cinquième d’une fratrie de neuf enfants, avait été marqué par le décès brutal de sa petite soeur, renversée par une voiture lorsqu’il avait neuf ans. Dès lors, il a passé son enfance à aider et accompagner sa mère, «comme il le fera plus tard avec sa propre femme», a relevé l’une des expertes.

«On est tous victimes»

A la barre, les trois enfants du couple ont longuement décrit les déboires de leur mère, bien plus que l’acte criminel de leur père. «On est tous victimes de cette très longue histoire», a témoigné l’un des deux fils, âgé 43 ans, pour expliquer que la fratrie se soit constituée partie civile.

Avocat des parties civiles, Me Rémi Bertrand avait plaidé, tel un équilibriste, pour des enfants qui «ont grandi avec des secrets monstrueux», mais sans jamais enfoncer l’accusé, demandant aux jurés d'»épargner à cette famille un drame supplémentaire» et de «laisser une chance à Patrice L.». Ce dernier, qui avait déjà effectué une année en détention provisoire, est donc reparti en famille du tribunal.

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(AFP)

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