Commentaire – Ski alpinÀ Zermatt, la vérité a enfin éclaté
Décidément, les descentes de Coupe du monde à Zermatt sont mal nées et font plus parler hors sport que sur piste. Les organisateurs voudraient tout mettre sous le tapis blanc? Non. Ils doivent faire face à leurs responsabilités.
- par
- Robin Carrel
Il n’est pas simple de s’y retrouver au milieu des communiqués parus jeudi sur l’imbroglio de la piste de ski de Zermatt et l’illégalité de ses travaux.
Il faut prendre un peu de recul pour les digérer et bien prendre conscience d’une chose: les épreuves des hommes et des dames au pied du Cervin vont bien se dérouler, mais leurs grands patrons ont été pris les doigts dans le pot de confiture bien avant les premiers départs des skieurs.
Bataille des chiffres et contre-vérités
Ces méthodes pouvaient peut-être passer dans ce milieu-là et à cette altitude à une certaine époque. Mais en 2023, dans un monde où les glaciers sont sur le point de devenir des mirages, au cours d’une époque où les mesures GPS sont les mêmes pour tout le monde, ça ne devrait plus être possible d’être si déconnectés de la réalité moderne et de faire preuve d’une telle mauvaise foi.
C’est normal de ne pas avoir les pieds sur terre quand on a construit une télécabine à plus de 200 balles l’aller-retour, avec vue sur le Cervin, diamants et sièges en cuir. Prendre les gens de haut depuis Zermatt, c’est d’une logique mathématique (le village est posé à quelque 1600 mètres d’altitude) et une constante depuis le début de l’affaire.
Une fois pris par la patrouille, les organisateurs avaient reconnu, du bout des lèvres, qu’ils avaient un peu dépassé de la bonne zone avec leurs pelleteuses et leurs dameuses. Selon eux, seule une petite surface de 166 m² (l’équivalent d’un très grand appartement) était construite hors zone. La Commission cantonale valaisanne des constructions (CCC) a exposé ce nouveau mensonge. C’est bien 25 000 m² (soit quatre terrains de football) qui sont concernés.
Dénégation constante de faits flagrants
Alors soit les organisateurs ne savent pas utiliser un GPS, ce qui est embêtant quand on fait leur métier, soit ils se sont arrangés avec «leur» vérité. On ne peut pas faire tout et n’importe quoi, même s’ils pensent que c’est «leur» montagne et que les vilains écolos n’ont pas à y fourrer leur nez.
Cette dénégation constante de faits flagrants, confirmés par les services de l’État, est horripilante. Elle l’est encore plus quand les personnes impliquées mettent ensuite la faute sur ces vilains médias «woke» – pas le plat asiatique – à qui il restait encore quelques journalistes pour dénoncer ce scandale ma foi très suisse. Même le patron du ski suisse, M. Urs Lehmann, a tenté de sauver les apparences avec cette stratégie agressive.
Depuis quelques jours, les journaux italiens sont arrivés aux mêmes conclusions, exposant à leur tour les constructions illégitimes sur la partie transalpine du tracé qui accueille notamment l’aire d’arrivée.
Dans son communiqué ciselé, la CCC rappelle jeudi que «demeure désormais réservée la procédure pénale». Même si les courses pourront avoir lieu, les organisateurs ne sont pas encore tirés d’affaire.