Mort d’Henry KissingerLe monde rend hommage à une grande figure de la diplomatie
Que ce soit aux États-Unis, en Israël, en Russie, en Chine, en Ukraine ou en Europe occidentale, des dirigeants du monde entier ont loué les mérites ou les conseils d’Henry Kissinger, décédé mercredi.
L’annonce de la mort d’Henry Kissinger, grande figure controversée de la diplomatie américaine à l’époque de la guerre froide, disparu mercredi, à l’âge de 100 ans, a suscité, jeudi, une pluie d’hommages à travers le monde.
L’actuel secrétaire d’État américain Antony Blinken a salué la mémoire de son illustre prédécesseur, jamais avare de «conseils» et qui aura «façonné l’histoire». «Il était extraordinairement généreux de sa sagesse et de ses conseils. Peu de personnes ont été de meilleurs élèves de l’histoire, et encore moins de personnes ont davantage contribué à façonner l’histoire qu’Henry Kissinger», a-t-il affirmé à Tel-Aviv, aux côtés du président israélien Isaac Herzog.
«Nous sommes de grands admirateurs d’Henry Kissinger», a ajouté le président israélien, rappelant que l’ancien chef de la diplomatie américaine avait «posé la pierre angulaire de l’accord de paix qui a été signé plus tard avec l’Égypte».
Initiant le rapprochement avec Moscou et Pékin, dans les années 1970, Henry Kissinger a vu son image ternie par des pages sombres de l’histoire des États-Unis, comme le soutien au coup d’État de 1973, au Chili, ou l’invasion du Timor oriental en 1975 et, bien sûr, la guerre du Vietnam.
L’hommage de Vladimir Poutine
L’homme, qui avait fêté ses 100 ans en mai, avait pourtant conservé l’oreille des grands de ce monde, bien des décennies après avoir quitté ses responsabilités, dans les affaires internationales. Pour le président russe Vladimir Poutine, «le nom d’Henry Kissinger est étroitement lié à une politique pragmatique, qui a permis d’aboutir à une détente des tensions internationales et à des accords très importants américano-soviétiques ayant contribué au renforcement de la sécurité mondiale».
Pour sa part, le chancelier allemand Olaf Scholz a estimé que le monde perdait «un grand diplomate», saluant l’engagement significatif d’Henry Kissinger, en faveur de l’amitié entre l’Allemagne et les États-Unis. Le président français Emmanuel Macron a décrit l’ex-secrétaire d’État comme «un géant de l’histoire», qui a eu «une influence durable sur son époque», tandis que le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron a salué un «grand homme d’État», qui sera «très regretté».
Un «artiste» de la diplomatie pour Tony Blair
«Henry Kissinger était unique en son genre. Depuis notre première rencontre, en 1994, quand j’étais le nouveau chef de l’opposition travailliste et que j’essayais de me forger une opinion sur la politique étrangère, jusqu’à la dernière fois, où je lui ai rendu visite à New York, j’ai été en admiration devant lui», a réagi Tony Blair, Premier ministre britannique entre 1997 et 2007. «S’il est possible que la diplomatie, à son plus haut niveau, soit une forme d’art, Henry était un artiste.»
En juillet, Henry Kissinger s’était rendu à Pékin, pour s’entretenir avec le président chinois Xi Jinping, qui avait salué à cette occasion un «diplomate de légende». Le ministère chinois des Affaires étrangères a salué ses «contributions historiques» aux relations sino-américaines, soulignant qu’il s’était rendu «en Chine plus d’une centaine de fois» pour «promouvoir la normalisation» des liens.
Longtemps opposé à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN
L’Ukraine a salué, jeudi, l’«héritage intellectuel» d’Henry Kissinger, tout en relevant qu’il était un personnage à la fois «controversé» et «exceptionnel». «Son héritage intellectuel continuera d’influencer la compréhension de la diplomatie et de l’ordre mondial», a déclaré en anglais, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, sur X (ex-Twitter).
Le chef de l’administration présidentielle ukrainienne Andriï Iermak s’est déclaré, lui, «attristé» par cette disparition. «Nous nous souviendrons de son leadership et de son engagement en faveur de la coopération internationale.»
Henry Kissinger s’est longuement opposé à l’adhésion de Kiev à l’OTAN et suggérait notamment d’accepter l’annexion, en 2014, de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie. En janvier dernier, presque un an après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, il a cependant fini par soutenir cette adhésion. «Avant cette guerre, j’étais opposé à ce que l’Ukraine devienne membre de l’OTAN, parce que je craignais que cela ne provoque exactement le processus qu’on voit maintenant. Mais maintenant que ce processus a atteint ce niveau, une Ukraine neutre dans ces conditions n’aurait plus de sens.»