Législatives en ItalieParticipation en forte baisse, l’extrême droite toujours favorite
Plus de 50 millions d’Italiens ont été appelés aux urnes dimanche pour élire leur parlement, un scrutin où l’extrême droite devrait entrer en force.
La participation était en forte baisse aux législatives de dimanche en Italie, où une coalition conservatrice dominée par l’extrême droite pourrait emporter la majorité absolue et porter au pouvoir la dirigeante postfasciste Giorgia Meloni.
«Écrire l’histoire»
Selon le Ministère de l’intérieur, la participation était de 50% à 17 h GMT (19 h en Suisse), en recul de huit points par rapport aux législatives de 2018. La baisse est particulièrement marquée dans les régions du sud de la Péninsule (–12 points), qui avaient massivement contribué à la victoire il y a quatre ans du Mouvement 5 étoiles, formation antisystème pourtant créditée d’avoir instauré en 2019 un «revenu citoyen minimum» pour les plus pauvres.
De nombreuses files d’attente se sont formées devant les bureaux de vote dans diverses régions du pays. «Je vote pour le PD. J’ai toujours voté à droite, mais maintenant j’ai peur de Mme Meloni, c’est la droite de l’intolérance», a déclaré à l’AFP à Bologne (centre) Benedetta Tinti, 28 ans, employée dans une entreprise métallurgique.
À seulement 45 ans, Giorgia Meloni, cheffe du parti postfasciste Fratelli d’Italia, créditée de près d’un quart des voix dans les derniers sondages, est favorite pour prendre la tête d’un gouvernement de coalition au sein duquel l’extrême droite dominerait largement la droite classique. «Aujourd’hui, tu peux contribuer à écrire l’histoire», a-t-elle invité sur Twitter ses partisans dimanche matin. Sur TikTok, elle a publié une vidéo où elle pose avec un melon dans chaque main qui masque sa poitrine, jouant sur le sens de son nom.
«La fête est finie»
«Je suis impatient de revenir, à partir de demain, au gouvernement de ce pays extraordinaire», a de son côté déclaré dans un bureau de vote de Milan Matteo Salvini, ancien ministre de l’Intérieur et chef de la Ligue anti-immigrés, allié à Giorgia Meloni dans ces élections. En cas de victoire, Mme Meloni deviendrait la première «présidente du Conseil» italien et la première cheffe de gouvernement postfasciste dans un pays fondateur de l’Europe communautaire.
«En Europe, ils sont tous inquiets de voir Meloni au gouvernement (…) La fête est finie, l’Italie va commencer à défendre ses intérêts nationaux», a-t-elle mis en garde. Cette ex-fan de Mussolini, dont la devise est «Dieu, patrie, famille», a réussi à dédiaboliser son parti et à catalyser sur son nom les mécontentements et frustrations de ses compatriotes en campant résolument dans l’opposition au gouvernement d’unité nationale de Mario Draghi. Mais la messe n’est pas dite. «Imprévisibles, les élections se jouent sur l’émotion et au dernier moment», rappelle à l’AFP Emiliana De Blasio, professeure de sociologie à l’Université Luiss de Rome, tout en soulignant le rôle clé des indécis, estimés à 20% environ.
Les scores du Mouvement 5 étoiles (M5S, ex-antisystème), crédité d’avoir institué un revenu minimum pour les plus pauvres, et du Parti démocrate (PD, centre gauche), bien implanté localement, pourraient réserver des surprises, notamment dans le sud du pays. Le scrutin se terminera à 21 h GMT (23 h en Suisse). Les premiers sondages à la sortie des urnes donneront alors un aperçu des résultats.