Guerre en UkraineLes Russes reprennent l’offensive contre le port de Marioupol
Après le report des évacuations de civils samedi, Kiev évoquant des violations russes du cessez-le-feu, les combats se poursuivent dans la ville stratégique et ses environs.
L’armée russe a attaqué à nouveau samedi le port stratégique de Marioupol et continuait d’avancer ailleurs en Ukraine, avec toujours de féroces combats autour de sa capitale Kiev.
«En raison de la réticence de la partie ukrainienne à influer sur les nationalistes ou à prolonger le «cessez-le-feu», les opérations offensives ont repris depuis 18h, heure de Moscou», soit 16h en Suisse, a déclaré le ministère russe de la Défense.
Les Ukrainiens avaient reporté quelques heures auparavant l’évacuation des civils de Marioupol, sur la mer Noire, ainsi que d’une autre ville assiégée, invoquant des violations du cessez-le-feu par les forces russes.
Conséquence de la poursuite des combats en Ukraine, la crise humanitaire s’aggravait encore, 1,37 million de personnes s’étant déjà réfugiées à l’étranger, depuis le début de l’invasion le 24 février, selon les derniers comptages de l’ONU.
Pas d’évacuation de Marioupol
Dans le sud-est de l’Ukraine, la prise de Marioupol, une ville bombardée par les Russes et leurs alliés depuis plusieurs jours, serait un important tournant au dixième jour de l’invasion, tandis que Moscou et Kiev se préparent à une troisième session de négociations pendant le week-end.
Elle permettrait en effet, à l’est, la jonction entre les forces russes en provenance de la Crimée annexée, qui ont déjà pris les autres ports clés de Berdiansk et de Kherson, et les troupes séparatistes et russes dans le Donbass et à ces forces consolidées de remonter vers le nord.
L’armée russe pourrait dès lors accentuer la pression militaire sur le centre et la partie septentrionale, où les combats font rage, notamment à Kiev et à Kharkiv.
Annoncée dans la matinée, l’évacuation des civils de Marioupol avait été reportée «pour des raisons de sécurité», car les Russes «continuent de bombarder Marioupol et ses environs», a déclaré la mairie à la mi-journée.
De son côté, Moscou a affirmé avoir respecté le cessez-le-feu et a accusé les «nationalistes» ukrainiens d’avoir empêché les civils de quitter les villes encerclées, comme Marioupol, et de profiter de la trêve pour consolider leurs défenses.
Des scènes «déchirantes»
Après dix jours de guerre, le bilan est impossible à vérifier de manière indépendante. Kiev fait état d’au moins 350 civils et plus de 9000 soldats russes tués, sans mentionner ses pertes militaires, et Moscou évoque 2870 morts côté ukrainien et 498 dans ses rangs.
«Les scènes qui se déroulent aujourd’hui à Marioupol et dans d’autres villes sont déchirantes», a déploré le CICR.
En 2014, cette cité de quelque 450’000 habitants avait résisté aux assauts des forces prorusses arrivées de Donetsk notamment.
«La nuit dernière, les bombardements se sont intensifiés et rapprochés», a raconté à l’AFP un membre de l’ONG Médecins sans frontières (MSF) encore sur place, ajoutant que les habitants manquaient de tout : eau – au point de devoir ramasser et faire fondre de la neige pour en avoir -, électricité et nourriture, les bombardements ayant détruit de nombreux magasins.