Hockey sur glaceMessieurs les arbitres, ça se siffle comment un acte VII?
Les séries Lausanne-Davos et Zoug-Berne se terminent ce samedi soir (20 h) avec un septième match décisif, en quarts de finale des play-off. Des rendez-vous exceptionnels, aussi pour les officiels.


Michael Tscherrig (au premier plan) a déjà arbitré deux manches de la série Lausanne-Davos.
freshfocusLe compte à rebours est lancé. Des rives du lac Léman aux montagnes grisonnes, en passant par la capitale fédérale et la Suisse centrale, l’impatience et la tension grandissent chez les amateurs de hockey sur glace. La délivrance est prévue à 20 heures, que ce soit à la Vaudoise aréna ou à la Bossard Arena.
À Lausanne comme à Zoug, où Lions et Taureaux accueillent respectivement Davos et Berne pour le septième acte des quarts de finale des play-off de National League, tous les regards seront braqués d’entrée sur les arbitres pour le premier lâcher de puck. Précurseur? Peut-être. Toujours est-il que le coup d’envoi peut parfois libérer les directeurs de jeu.
Connaître l’historique
«Je ne me reposais pas spécialement bien, comme lorsque j’avais un gros examen à l’école le lendemain», se rappelle Stéphane Rochette. Le son de cloche est différent chez son confrère Didier Massy. «Personnellement, j’ai toujours bien aimé ce genre de match, reconnaît-il. J’ai d’ailleurs toujours très bien dormi la veille d’actes VII. Quand tu es à la maison, avec ta famille, tu ne penses pas tellement à la rencontre à venir.»
Certains points de la préparation d’un septième acte de play-off traversent sensiblement les années. Notamment, pour les officiels désignés, les échanges avec les divers quatuors qui ont eu l’occasion de siffler les parties précédentes de la série.

À 61 ans, le Valaisan Didier Massy siffle toujours en Swiss League.
Michela Locatelli/freshfocus«Il y a effectivement des discussions entre les arbitres, reprend Didier Massy. Ils communiquent notamment sur ce qu’il s’est passé jusqu’à présent, si des couples se sont formés ou s’il y a eu des provocations verbales entre les joueurs.»
Explosif, le quart de finale entre Lausanne et Davos entre assurément dans cette catégorie. La pluie de pénalités sifflées jusqu’ici par les arbitres (204 minutes contre le LHC, 89 à l’encontre du HCD) devrait s’interrompre ce samedi soir, pour cet acte décisif. À une condition.
Les actes VII? «Pas les plus compliqués à diriger»
«Les septièmes matches ne sont pas les plus compliqués à diriger, aussi longtemps que le résultat est équilibré, témoigne Reto Bertolotti. Par contre, si une équipe commence à gagner assez largement la rencontre, alors ça peut devenir très difficile. Parce que les histoires et les revanches des parties précédentes peuvent ressortir.»
Les trois experts du poste sont unanimes sur un point: pareille tournure des événements se fait rare en raison de l’énorme enjeu pour les deux formations. Celles-ci se tiennent généralement à carreaux, et ne souhaitent pas se saborder.

Pour Stéphane Rochette, le dialogue avec les joueurs est primordial lors des septièmes actes de play-off.
freshfocus«Les joueurs font attention car ils ne veulent pas être pénalisés, explique Stéphane Rochette. Le but dans ces matches, c’est prévenir les joueurs. Et généralement, ils sont réceptifs et collaboratifs. L’arbitre ne veut pas être obligé d’envoyer quelqu’un en prison. Il le fera uniquement s’il n’a pas le choix, si la raison est claire et évidente.»
En d’autres termes, les règles sont plus souples et une faute sifflée en septembre peut passer sous les radars à ce stade de la compétition.
«Les équipes doivent décider de l’issue du match, pas les arbitres»
«Un petit coup de canne ou un petit retenir devraient normalement être punis, mais il faut laisser jouer dans ce genre de match, détaille Didier Massy. Le but est de signaler les pénalités indiscutables, non pas de chercher la petite bête ou de faire la police. Ce sont les équipes et les joueurs qui doivent décider de l’issue du match, pas le corps arbitral.»
Dès lors, les personnes amenées à diriger des rendez-vous si importants ne sont pas les premiers venus. Pour les duels décisifs de ce samedi soir à Lausanne ou à Zoug, la Fédération a logiquement nommé des quatuors qui bénéficient d’une certaine bouteille. Car arbitrer devant près de 10 000 spectateurs requiert du vécu.

Après sa carrière d’officiel, Reto Bertolotti était devenu chef des arbitres en Suisse. Une fonction qu’il a quittée à la fin de la saison 2013-2014.
freshfocus«Il y a certes un peu de nervosité, mais l’expérience aide à être prêt, assure Reto Bertolotti. Personnellement, j’ai toutefois l’impression que c’est plus difficile de ne pas se laisser influencer par une centaine de spectateurs que par 17 000 fans comme à Berne, par exemple.»
Un avis partagé et détaillé par Stéphane Rochette. «Les sifflets et la pression du public? C’est habituel et ça fait partie du business, désamorce-t-il. Plus il y a de monde, plus le bruit est diffus. C’est un bruit de fond. C’est pire quand il y a moins de public car tu entends les commentaires plus personnels.»
Retombée sur terre difficile
Attendus avec impatience par le public et les joueurs, ces septièmes actes représentent également un sommet dans une carrière pour le corps arbitral. Ils restent dans les mémoires, bien après avoir raccroché le sifflet et les patins.
«Je me souviens qu’après quelques jours de vacances, je ressentais comme une forme de dépression car je n’avais plus ces pics d’adrénaline, poursuit le père de Théo, l’attaquant du LHC. Ma femme me disait d’aller courir et de continuer à m’entraîner car j’étais insupportable. Outre un stress incroyable, ces matches décisifs t’offrent des images marquantes pour la vie.»
Pour le meilleur ou pour le pire, chaque coup de sifflet étant sujet à débat. Une chose est sûre: les quatuors zébrés engagés ce samedi soir à Lausanne et Zoug espèrent assurément entrer dans la première catégorie.