États-UnisL’ancien président du Honduras sera jugé pour trafic de cocaïne
Extradé aux États-Unis fin avril, Juan Orlando Hernandez a plaidé «non coupable» de trafic de drogue mardi à New York et sera donc jugé par un tribunal.
- par
- Fabien Le Floch
L’ancien président du Honduras Juan Orlando Hernandez, extradé et détenu aux États-Unis depuis fin avril pour trafic de drogue, a plaidé «non coupable» mardi et sera jugé par un tribunal à New York, tandis que l’ex-chef de la police du pays accusé d’avoir supervisé ce trafic a été extradé vers les États-Unis.
Juan Orlando Hernandez, 53 ans, extradé le 21 avril de Tegucigalpa, a comparu devant le tribunal fédéral de Brooklyn, vêtu d’un pantalon couleur bleu marine, d’une chemisette et de baskets couleur orange. Devant le juge Kevin Castel, il a répondu en espagnol «non coupable», notamment de participation au trafic de 500 tonnes de cocaïne entre 2004 et 2022 vers les États-Unis.
La prochaine audience a été fixée au 28 septembre, quand sera tranchée la date du procès pour juger l’ancien chef de l’État hondurien (2014-2022). Ce procès, où il encourt la réclusion criminelle à perpétuité, ne devrait pas se tenir avant début 2023.
Chute brutale
Selon la justice américaine, Juan Orlando Hernandez est un «co-instigateur» du trafic et a fait du Honduras un «narco-Etat» en impliquant l’armée et la police dans le trafic de drogue à destination des États-Unis.
La chute a été brutale pour JOH, comme on l’appelle au Honduras. À peine venait-il de céder le pouvoir le 27 janvier à la nouvelle présidente de gauche Xiomara Castro, qu’il se retrouvait arrêté et enchaîné aux poignets et aux chevilles, le 15 février devant les caméras. Avant d’être extradé le 21 avril.
Son avocat Raymond Colon s’est plaint mardi des conditions de détention de son client, traité comme un «prisonnier de guerre» et un «terroriste». Dans la salle d’audience, l’ancien président hondurien s’est fait traiter de «rat» et «d’assassin».
Ancien allié de Washington
Dans le même temps, l’ex-chef de la police hondurienne Juan Carlos «El Tigre» Bonilla, 61 ans, a été extradé vers les États-Unis: escorté par un impressionnant cortège policier de sa prison vers une base de l’armée de l’air, il a embarqué sur un avion de l’agence antidrogue américaine (DEA). Il est poursuivi aux États-Unis pour avoir «abusé de ses positions dans la police hondurienne pour contourner la loi et jouer un rôle clef dans un vaste complot international de trafic de drogue».
Selon l’accusation, «au nom de l’ancien membre du Parlement hondurien Tony Hernandez et de son frère, le président Juan Orlando Hernandez, Juan Carlos Bonilla a supervisé le transbordement de cargaisons de plusieurs tonnes de cocaïne destinées aux États-Unis». En mars 2021, Tony Hernandez, frère de Juan Orlando, avait été condamné à New York à la réclusion à perpétuité.
Quant à JOH, il aurait aussi reçu des millions de dollars de diverses organisations de trafiquants de drogue du Honduras, du Mexique et d’autres pays. En échange de ces pots-de-vin, l’ancien président aurait «protégé les narcotrafiquants des enquêtes, (évitant leur) arrestation et leur extradition», selon la justice américaine. Juan Orlando Hernandez se dit innocent et «victime d’une vengeance des cartels».
JOH, qui s’était affiché en champion de la lutte contre le trafic de drogue, avait d’abord été considéré par les États-Unis comme un allié. Washington avait été en 2017 l’un des premiers États à reconnaître sa réélection alors que l’opposition dénonçait des fraudes sur fond de manifestations qui avaient fait une trentaine de morts.