Naufrage de migrants: «Les cales remplies d’enfants et de femmes»

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Naufrage de migrants«Les cales seraient remplies d’enfants et de femmes»

En Grèce, les recherches se poursuivaient jeudi après le naufrage d’un bateau contenant jusqu’à 750 personnes. Cela fait craindre de nombreuses autres victimes.

Le navire était surchargé de migrants.

Le navire était surchargé de migrants.

AFP/HELLENIC COASTGUARD

La Grèce poursuit jeudi ses recherches d’éventuels survivants au lendemain du chavirement d’un bateau de pêche surchargé de migrants qui a fait jusqu’ici au moins 78 morts, et la justice a ouvert une enquête sur ce naufrage, l’un des pires de ces dernières années. Septante-huit corps ont jusqu’ici été retrouvés en mer à 46 milles marins des côtes du Péloponnèse (sud), selon les garde-côtes, qui ont ainsi légèrement revu un bilan de 79 morts annoncé la veille.

Deux patrouilleurs, un hélicoptère et six autres navires de la région continuaient à inspecter les eaux à l’ouest des côtes du Péloponnèse, l’une des zones les plus profondes de la Méditerranée. «Il pourrait s’agir de la pire tragédie maritime de ces dernières années en Grèce», a affirmé à la télévision publique ERT Stella Nanou, du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

La Cour suprême grecque a ordonné une enquête. Un deuil national de trois jours a été décrété en Grèce, interrompant ainsi la campagne électorale des partis en vue des élections législatives du 25 juin.

«En état de choc»

Dans le port de Kalamata (sud-ouest) où ont été acheminés les survivants, «c’est vraiment horrible», assurait à l’AFP Erasmia Roumana, une employée du HCR. Les rescapés sont «dans une très mauvaise situation psychologique. (…) Beaucoup sont en état de choc, ils sont accablés.» Jusqu’à présent, 104 personnes ont pu être secourues, mais Athènes redoute que des centaines d’autres ne soient portées disparues, d’après les témoignages des survivants.

Les naufragés sains et saufs «sont tous des hommes», a déclaré la porte-parole des garde-côtes, faisant craindre que des femmes et des enfants, qui embarquent généralement aussi sur ces embarcations, ne figurent parmi les disparus. Ces rescapés sont en majorité des Syriens (47), des Égyptiens (43), ainsi que 12 Pakistanais et deux Palestiniens, selon les autorités grecques.

Neuf personnes arrêtées

Neuf personnes de nationalité égyptienne soupçonnées d’être des passeurs ont été arrêtées en Grèce, après le naufrage d’un bateau de migrants au large des côtes grecques qui pourrait avoir fait des centaines de morts, a appris l’AFP de source portuaire jeudi. Parmi elles figure le capitaine de l’embarcation.

Selon la source portuaire, le bateau de pêche avait quitté l’Égypte à vide, avant d’embarquer des migrants à Tobrouk, une ville portuaire de l’est de la Libye. Les personnes arrêtées à Kalamata, le port de la péninsule du Péloponnèse où ont été acheminés les rescapés, sont soupçonnées de «trafic illégal» d’êtres humains.

Jusqu’à 750 personnes à bord

Le porte-parole du gouvernement, Ilias Siakantaris, avait assuré mercredi que des informations non confirmées faisaient état de 750 personnes à bord du bateau. «Nous ne savons pas ce qu’il y avait dans la cale, mais nous savons que plusieurs passeurs enferment les gens», a-t-il affirmé sur ERT.

Un survivant a également assuré à des médecins de l’hôpital de Kalamata qu’il avait vu une centaine d’enfants dans la cale du bateau, selon ERT. Plus de 20 personnes restent hospitalisées à Kalamata, a précisé la chaîne publique. «Ils souffrent surtout de pneumonie, de déshydratation, d’hypothermie», a indiqué Manolis Makaris, directeur du département cardiologique de l’hôpital de Kalamata, à la radio municipale d’Athènes.

Le bateau de pêche mesurait 25 à 30 mètres de long et son pont était rempli de personnes, selon les garde-côtes.

«Les cales seraient remplies d’enfants et de femmes»

«Les cales seraient remplies d’enfants et de femmes, dont le nombre n’était pas précisé», a relevé Manolis Makaris en évoquant des témoignages de rescapés. Selon les autorités portuaires grecques, un avion de surveillance de l’agence européenne Frontex avait repéré le bateau mardi après-midi, mais il n’est pas intervenu, car les passagers ont «refusé toute aide». «On ne demande pas aux personnes à bord d’un bateau à la dérive si elles veulent de l’aide (…), il aurait fallu une aide imminente», a affirmé à ERT Nikos Spanos, expert international des incidents maritimes.

Une image de piètre qualité diffusée par les garde-côtes montrait un chalutier bleu et manifestement en mauvais état surchargé de personnes, rassemblées sur le pont de la proue à la poupe et même sur le toit de la passerelle. Les migrants étaient partis de Libye et se dirigeaient vers l’Italie.

Le moteur du bateau a lâché peu avant 1 heure mardi (heure suisse) et le navire a chaviré dans les eaux les plus profondes de la Méditerranée, à 47 milles nautiques (87 km) de Pylos, en mer Ionienne, coulant en 10 à 15 minutes. Les rescapés ne disposaient pas de gilets de sauvetage.

Réaction du pape

Le pape François, très sensible à la thématique migratoire, est «profondément consterné» par le naufrage ayant coûté la vie à au moins 78 migrants en Grèce, l’un des pires de ces dernières années, a rapporté jeudi le Vatican dans un communiqué.

«Sa sainteté le pape François envoie ses prières sincères pour les nombreux migrants qui sont morts, leurs proches et tous ceux qui ont été traumatisés par cette tragédie», peut-on lire dans un télégramme signé par le No 2 du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, et publié par le Vatican.

(AFP)

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