FootballSaudi Pro League: la crédibilité ne s’achète pas à coups de millions
La ligue professionnelle d’Arabie saoudite a attiré des stars en fin de carrière avec des centaines de millions, mais elle n’intéresse apparemment pas grand monde.
- par
- Daniel Visentini
Personne ne souhaite du mal à ce championnat de football qui veut exister jusque dans la démesure de ses ambitions. Seulement voilà, comme l’a relevé le journal L’Équipe, la Saudi Pro League n’intéresse presque personne sur Canal +, qui diffuse ses matches, et sans doute peu de monde ailleurs.
Malaise pour l’Arabie saoudite, qui aspire à faire de son championnat une compétition crédible et attractive, sportivement parlant? Mauvaise publicité avec la plupart des stades trop vides, dans l’optique du Mondial 2034 dont le pays est le seul candidat à l’organisation?
5000 téléspectateurs…
Le quotidien français donne les chiffres désastreux de l’audience. Canal + aurait acheté les droits de diffusion de ce championnat pour moins de 1 million et pour deux ans. Il est vrai qu’il y a des noms glorieux qui représentent autant de produits d’appel pour cette ligue depuis plus d’un an maintenant: Cristiano Ronaldo, Benzema, Neymar, Fabinho, Mané, Mahrez, Kanté et on en passe, ont tous rejoint la péninsule Arabique, avec des fortunes diverses, dans tous les sens du terme.
Le résultat semble cinglant: le vendredi 1er mars, à 18 heures, le match Al Hilal - Al Ittihad n’aurait, selon L’Équipe, attiré que 5000 téléspectateurs sur la chaîne cryptée. Un flop sans appel, une audience nulle en termes de part de marché, guère mieux pour les autres diffusions apparemment. 5000 téléspectateurs, c’est six fois moins que pour Rouen-Sochaux, un match de National, la troisième division tricolore.
Tout cela ne dit pas que la Saudi Pro League ne trouvera pas son public, à terme. Mais sous cette version bodybuildée à coups de millions, avec des stars plus ou moins aptes à y jouer les premiers rôles, ce championnat en est à ses balbutiements et qu’il faudra du temps. C’est l’enseignement de ce premier retour médiatique, très loin du succès autoproclamé il y a à peine quelques mois.
Malgré les efforts de Ronaldo
En janvier, Cristiano Ronaldo en personne, 39 printemps, avait assuré sans sourciller que la «ligue saoudienne n’est pas pire que le Ligue 1. La Saudi Pro League est plus compétitive, je peux le dire après un an passé là-bas.» Bon. On rappelle au passage qu’avec plus de 240 millions de francs de revenus sur la seule année 2023, il y a sans doute dans le contrat quelques lignes qui invitent à promouvoir le «produit».
Dans le fond, c’est peut-être tout le problème de ce championnat qui veut s’acheter une crédibilité. À tout prix. Mais tout ne s’achète pas. Les cheikhs, en blanc ou pas, offrent sans doute des moyens illimités, mais pas l’essentiel…
Près de 850 millions de francs ont été investis par les clubs saoudiens lors du mercato de l’été dernier, hors transfert de Cristiano Ronaldo, arrivé en janvier 2023. Cet effort financier ne garantit que ce qu’il permet: l’artifice. Sans le feu.