Mondiaux d’athlétisme 2023 : Le mystérieux comeback de Bolt sur le 800 m 

«Vous êtes sûr de ne pas vous être trompé d’épreuve?». La membre de l’organisation en charge des listes de départ semble amusée lors de la remise du dossard à Bolt. Ces quatre lettres ravivent forcément les souvenirs de la légende du sprint, qui détient les records du monde du 100 m et du 200 m et qui n’a plus couru en compétition depuis sa retraite en août 2017. 

Après tout, le Jamaïcain n’a-t-il pas tenté de se reconvertir au saut en longueur, mais aussi de se lancer dans une carrière de footballeur?  Donc pourquoi pas se lancer sur le demi-fond? Dans le centre de presse du Nemzeti Atlétikai Központ, le nom hongrois du National Athletics Centre, la nouvelle de la présence de Bolt intrigue. En Hongrie, «Bolt» se traduit par magasin ou boutique. C’est aussi une compagnie de taxi populaire à Budapest. Mais ce n’est pas le sujet du jour. 

Un journaliste local se frotte les yeux vigoureusement. Vient-il de croiser Bolt aux toilettes de l’enceinte? Sous le cagnard, lors de l’échauffement de l’épreuve, il y a des sourires polis, mais aussi certains qui en profitent pour lui demander un selfie. Comme ce journaliste polonais, pas peu fier de publier une story Instagram accompagnée d’un nom qui a marqué l’histoire de l’athlétisme et du sport mondial. 

«Vous allez sprinter pendant les deux tours du stade?» se marre une journaliste espagnole. Bolt se prête au jeu, conscient que sa présence sur la piste d’athlétisme ne passe pas inaperçue. Pour se préparer au calme, il se met un peu à l’écart. La trentaine passée, quelques étirements ne sont pas de trop. Et pas question de rater ce retour sur l’anneau avec une vilaine blessure. 

Surtout qu’à 11h30, ce mardi à Budapest, il fait chaud. Très chaud. Mais Bolt s’est bien hydraté et possède une certaine expérience de la canicule. Sur la ligne de départ du 800 m, ses voisins de couloir sont bien impatients de se mesurer à ce nom, synonyme d’homme le plus rapide du monde. Lui aussi semble se demander ce qu’il vaut sur cette distance inédite et après plusieurs semaines de vacances. «Plaisir de vous revoir», lui glisse malicieusement le starter, qui vérifie que les athlètes soient aux bons couloirs.

Coup de pistolet. C’est parti! La «Foudre» démarre sur un tempo modéré. Les plus rapides de la série passent la ligne d’arrivée du premier tour de stade avec quelques centaines de mètres d’avance sur Bolt. Mais il en a encore sous les semelles et accélère progressivement. La tactique de ne pas avoir suivi le groupe de tête dans la première boucle porte ses fruits. 

Ce n’est plus l’éclair qui foudroyait ses adversaires sur la piste, c’est vrai, mais Bolt dépasse trois adversaires dans les 200 derniers mètres. Un coup d’œil au chrono le ramène pourtant à la réalité. Plus de trois minutes sur 800 m. 

La faute à la chaleur? Au manque de condition physique? Au stress du retour sur la piste flambant neuve de Budapest? Le Kényan David Rudisha sourit en apercevant le dossard de ce nom familier. Son record du monde du 800 m (1’40’’91) datant de 2012 ne risque pas d’être battu par Bolt. Pas cette fois.

«Legend!» lâche-t-il hilare en immortalisant la rencontre. «Plaisir partagé!» lui répond l’auteur de ces lignes, qui a le même patronyme qu’Usain Bolt, qui a souffert lors de la «Media Race» organisée à Budapest et qui aurait clairement opté pour un 100 m si l’occasion lui avait été présentée. 

Par Sylvain… Bolt, Budapest