FootballSion et la fontaine de sérénité
En marge du cas Mario Balotelli, le calme s’étend de couche en couche en Valais. La prestation magistrale aperçue contre Bâle a été confirmée par une victoire chez le leader samedi (2-1).
- par
- Florian Vaney Saint-Gall
Il faut du sang froid pour garder sa lucidité quand trois Saint-Gallois vous déboulent dessus dans un pressing ahurissant d’énergie. Beaucoup ne l’ont pas, et coulent de toutes parts dans l’antre des Brodeurs. Souvent d’ailleurs, le FC Sion ne l’a pas eu, et repartait sans gloire du Kybunpark. Ce match a sens unique aurait pu exister samedi. Un stade plein, un petit pont de Patrick Sutter sur Baltazar après cinq secondes, une première occasion dix secondes plus tard. L’enfer, définition. Et puis, les Valaisans ont posé le pied sur le ballon. Comme un symbole. Comme si plus rien ne pouvait les atteindre. Comme si le calme qui anime leur début de championnat, en parallèle du tapage autour de Mario Balotelli, pouvait se transposer en toute fluidité sur le terrain. Et presque trop facilement, Sion est à nouveau sorti du terrain en vainqueur.
S’il y a bien un «effet Balotelli» sur le terrain au FC Sion, c’est celui de sublimer Filip Stojilkovic. La concurrence entre les deux hommes pour s’installer à la pointe de l’attaque valaisanne sera probablement une question croustillante ces prochaines semaines. En attendant, Stojilkovic débute et passe le témoin à son coéquipier star autour de l’heure de jeu. Celui qui a marqué le plus de points ces deux derniers week-ends? Le Suisse-Allemand, sans aucune discussion possible. Deux buts, un assist: il ne sera jamais le plus élégant, mais qu’est-ce qu’un Filip Stojilkovic à ce niveau peut être précieux. Il crée la mésentente de la charnière saint galloise sur le 1-0 et l’erreur d’alignement de Patrick Sutter sur le 2-0. L’art de provoquer les fautes adverses par sa détermination.
La prestation sublime contre Bâle après s’être perdu à Lucerne, la confirmation de cette victoire par un tour de force chez le leader Saint-Gall… Ça commence à faire beaucoup d’obstacles sur lesquels le FC Sion «classique» se serait pris les pieds après un début de saison encourageant. Sauf que non, ce Sion-là ne trébuche pas, ne rentre pas dans le rang, ne tend pas vers son état naturel. Son homogénéité dans presque tous les secteurs pousse à l’optimisme quant à l’avenir. Il n’usurpe absolument rien avec sa 4e place.
Sion a fait de la solidarité l’un de ses principes clés. C’est assez fascinant à observer, mais il y a toujours un Valaisan pour compenser une intervention ratée ou un déplacement infructueux d’un de ses partenaires. La couverture défensive d’Anto Grgic lorsqu’un des défenseurs centraux sédunois a quitté sa place est un modèle à ce titre. Mais cela vaut dans bien d’autres situations. Pour l’instant, l’équilibre du FC Sion est bluffant. Continue donc de se poser la question de l’inclusion de Mario Balotelli, pas franchement dans le coup samedi, dans le onze.
Le meilleur: Filip Stojilkovic
Désigner un Valaisan meilleur qu’un autre ne fait sens qu’au moment où l’on prend conscience que le FC Sion nage dans une homogénéité impressionnante. Si les milieux de terrain ou les défenseurs ont le plus souvent récolté les lauriers depuis la reprise, Filip Stojilkovic mérite la palme ce week-end. Et si le pari du club d’avoir misé sur un homme au profil atypique en 2020 déjà avait été le bon? Son cas n’a jamais constitué une évidence, mais le numéro 17 se montre étincelant en ce moment.
Le moins bon: Leonidas Stergiou
Patrick Sutter a connu toutes les peines du monde à s’aligner avec le reste de la ligne défensive, Basil Stillhart a fait s’arracher les cheveux à tout le Kybunpark par certaines maladresses, mais c’est Leonidas Stergiou que Peter Zeidler a décidé de remplacer à la pause. Logique compte tenu de la fragilité générale de l’arrière-garde saint-galloise. 2-0 à la mi-temps, c’était le tarif minimum.
La décla’
La quatrième dimension
Vous le saurez, personne ne vous empêchera d’aller faire un tour sur le terrain du Kybunpark à la pause d’un match de Super League. Prenez ce fan saint-gallois trahi par son sweat-shirt vert samedi soir. Il voulait une photo avec Mario Balotelli, il est allé directement la lui demander. En descendant de sa tribune, en enjambant la barrière et en traversant le terrain dans le sens de la largeur. «Super Mario» se trouvait en plein échauffement, il s’est interrompu, les deux hommes ont posé ensemble et c’est même Paolo Tramezzani qui a pris la photo lui-même. Comme si toute la scène découlait de la plus limpide des évidences.
Une question pour penser l’avenir
Le FC Sion est-il capable d’inventer quelque chose pour se perdre dans tout ce qu’il a mis en place de convaincant? Pour l’instant, on ne le reconnaît pas.