Wimbledon: L’inconnu devenu épouvantail: cet homme ne sait plus perdre!

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WimbledonL’inconnu devenu épouvantail: cet homme ne sait plus perdre!

Invaincu sur le grand circuit (8-0), Tim van Rijthoven est une apparition qui piétine tout sur son passage. Dimanche, il s’attaquera à la montagne Novak Djokovic.

Mathieu Aeschmann Londres
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Mathieu Aeschmann Londres
Tim van Rijthoven arme son terrible coup droit: Basilashvili n’y verra que du feu.

Tim van Rijthoven arme son terrible coup droit: Basilashvili n’y verra que du feu.

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Attirée par la rumeur, la foule se massait, vendredi midi, aux abords du court No 12. Elle voulait voir la bête, la nouvelle terreur du circuit. Cette apparition qui brouille les repères et élargit le champ des possibles. Il y a un mois, Tim van Rijthoven perdait au premier tour des qualifications du challenger de Surbiton, sur herbe, face au Finlandais Otto Virtanen (375e mondial). Une déception de plus pour ce talent contrarié, ancien junior prometteur enlisé dans le quotidien incertain des Challengers. De janvier à mai, le Néerlandais avait gagné 50 places (205e mondial), perdu contre Laaksonen, Ritschard et Stricker. Puis arriva cette première semaine de juin où il transforma sa wild card à Rosmalen en une semaine en or; avec, au passage, des victoires sur Fritz, Auger-Aliassime et Medvedev!

Vendredi sur le court No 12, c’est Nikoloz Basilashvili (26e) qui a goûté au phénomène (6-4 6-3 6-4). Et depuis le bord du court, son aisance a fait remonter un vieux souvenir: celui de Richard Krajicek, vainqueur à Church Road en 1996. Comme son illustre compatriote, Tim van Rijthoven déroule une technique classique, le buste droit: revers à une main, slice efficace, gros coup droit lorsqu’il peut poser ses appuis. Or le jeu de miroirs se pare même d’une dimension sonore puisque, à 25 ans d’intervalle, les deux hommes utilisent la même marque de raquette (Yonex) ce qui donne un son similaire à leurs frappes. Seules différences: le cadet déroule son immense service en appuis fixes (il ne ramène pas son pied droit comme Krajicek) et ne suit pas sa première balle au filet. 

«J’ai bossé toute ma vie pour remporter un titre. Tim, lui, reçoit une wild card et gagne à son premier essai. C’est fou»

Igor Sijsling, ex-52e joueur mondial et coach de Tim van Rijthoven

«Mon service fonctionne fantastiquement bien, je n’ai été breaké que deux fois en huit matches, soulignait le nouveau «Tim darling» de Wimbledon (ndlr: la presse anglaise s’amuse). Mais c’est vrai, je n’aurais jamais imaginé commencer ma carrière ATP avec un bilan de 8-0. Je suis en pleine confiance, c’est comme si je surfais sur la vague. On verra bien où elle me mène.» Dans les faits, elle va se casser dimanche sur le Centre Court, contre un certain Novak Djokovic, six fois titré dans le Temple. Il faudra alors essayer de rester debout sur sa planche. Un sacré défi pour tout le monde, un dangereux bizutage pour quelqu’un qui joue son deuxième tournoi «chez les grands».

«Il m’impressionne mentalement»

«Tim va franchir une autre étape, une de plus: défier l’une des deux meilleurs joueurs en activité dans le plus grand tournoi du monde. On va faire ce qu’on peut pour préparer ce match. Mais à la fin, tout ne dépendra que de lui et de sa faculté à jouer relâché», sourit son coach Igor Sijsling. Installé sur un banc du Millenium Building, celui qui était encore actif l’an dernier (52e mondial en 2014) ne boude pas son plaisir. Voilà six mois qu’il a embrassé la carrière de coach et «son premier poulain» l’emmène déjà à très haute altitude. «J’ai bossé toute ma vie pour remporter un titre. Tim, lui, reçoit une wild card et gagne à son premier essai. C’est fou. Mais je savais qu’il avait le jeu pour briller. Là où il me bluffe, c’est mentalement.»

Et Igor Sijsling de décrire la dernière évolution en date de son protégé. «Quand nous sommes arrivés sur le site, le premier jour, Tim avait les yeux qui brillaient. Et je l’observais tout à l’heure, il se comporte désormais comme s’il jouait Wimbledon depuis dix ans.» Une assurance qui ne sera pas de trop face à un Novak Djokovic qui trouve gentiment ses repères (6-0 6-3 6-4 face à Kecmanovic). «Tim construit son jeu autour de son service. Le plus gros défi pour lui, ce sera de faire face au meilleur relanceur du monde. Il ne faudra pas paniquer, se convaincre qu’il a les armes pour remporter ses engagements. S’il panique, il y aura trop de balles de break à affronter. C’est clair qu’il ne part pas favori. Mais bon, il me surprend tellement depuis un mois…»

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