Ski alpinVincent Kriechmayr, l’exception méritée?
Le skieur autrichien a bénéficié d’un semblant d’entraînement pour pouvoir être aligné en descente vendredi. Entre indignation et compréhension, ce cas démontre surtout un manque de clarté.
- par
- Rebecca Garcia
Un test positif au Covid-19 ne devrait pas empêcher les skieurs de se battre pour les différents classements de Coupe du monde. Avant la première descente du Lauberhorn vendredi, Vincent Kriechmayr comptait deux points de moins que Beat Feuz dans la discipline. Si les choses se déroulaient comme auparavant, le test positif de l’Autrichien l’aurait totalement privé d’entraînement – et donc de course.
Si le calendrier n’avait pas été chamboulé par le super-G repris de Bormio, l’entraînement de descente aurait eu lieu jeudi, ce qui aurait permis à Kriechmayr d’y prendre part sans aucune discussion possible. Cela n’a pas été le cas, et les athlètes qui s’élançaient en super-G étaient bien contents de pouvoir enfin disputer l’épreuve.
La FIS a cependant décidé d’éviter ce cas de figure en permettant à l’athlète de réaliser un semblant d’entraînement. Kriechmayr a bien franchi le portillon de départ vendredi, lors d’une séance de dernière minute à laquelle lui seul était convié.
Un cas justifié mais pas réellement explicité
La situation a largement fait jaser, là où certains estiment que des personnes moins en vue au classement général auraient simplement dû regarder la course depuis leur canapé. «Ce que je regrette est que si ça m’était arrivé, je n’aurais pas pu courir», estime le Français Johan Clarey, qui s’est élancé avec le premier dossard vendredi.
Parmi les skieurs et officiels proches de Kriechmayr, c’est toutefois une autre version qui circule. «Il a été testé positif au Covid-19 il y a quelques jours, mais quelques heures plus tard le test était négatif», raconte l’un de ses coéquipiers. «En Autriche il ne représentait pas de problème. Il n’a pas pu venir pour les entraînements de descente, ce qui était un problème pour la FIS.»
C’est ensuite qu’une solution a été trouvée entre la FIS et les organisateurs de la course pour que le skieur puisse tout de même participer à l’épreuve. Un des arguments veut que l’Autrichien n’en est pas à son premier Lauberhorn, et que le fait d’outrepasser un entraînement ne représente pas un réel danger pour le skieur aguerri. «On peut discuter du fait qu’il fasse la descente sans entraînement. Après, il y a des règles qui ont été mises en place et on est hors-règlement», argumente Johan Clarey.
C’est moins l’Autrichien que la posture de la FIS qui dérange l’ensemble du cirque blanc. «Le fait de le laisser partir ouvre le jeu à des spéculations», admet Beat Feuz. Le coéquipier autrichien de Kriechmayr abonde en son sens. Pour lui, la décision est la bonne mais «il faut qu’elle soit juste et que tout le monde soit d’accord avec cela.»
La FIS paye cher son manque de communication, quelques semaines à peine après la débâcle de Zagreb. «Qui dirige à la FIS ? Je me le demande. Est-ce qu’il y a un patron ? Est-ce qu’on fait respecter les règles ? Je n’ai pas l’impression», tonne Johan Clarey.