Plainte contre Meta, accusé d’inaction contre la haine en ligne

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KenyaPlainte contre Meta, accusé d’inaction contre la haine en ligne

Une ONG kényane et deux particuliers éthiopiens ont déposé mercredi une plainte contre la maison mère de Facebook, qui porte sur deux cas relatifs à la guerre du Tigré.

Mark Zuckerberg dirige le groupe Meta, propriétaire de Facebook.

Mark Zuckerberg dirige le groupe Meta, propriétaire de Facebook.

AFP

Le groupe Meta, maison mère de Facebook, est accusé d’inaction face aux discours de haine en Afrique, menant notamment au meurtre d’un professeur d’université dans l’Éthiopie en guerre. Une ONG kényane et deux particuliers éthiopiens ont déposé mercredi une plainte contre le groupe dirigé par Mark Zuckerberg. Cette plainte déposée à Nairobi, au Kenya, porte sur deux cas relatifs à la guerre du Tigré, qui oppose depuis novembre 2020, les autorités dissidentes de cette région septentrionale de l’Éthiopie aux forces du gouvernement fédéral et a ravivé des haines ethniques, notamment envers les Tigréens.

Un des plaignants est un universitaire éthiopien d’origine tigréenne, Abrham Meareg, dont le père, professeur de chimie à l’Université de Bahir Dar (nord-ouest), a été abattu le 3 novembre 2021 après des publications calomnieuses et appelant au meurtre sur Facebook, que la plateforme n’a pas retirées malgré plusieurs signalements. Un autre est un membre éthiopien d’Amnesty International, Fisseha Tekle, vivant au Kenya depuis 2015. Cet auteur pour l’ONG de plusieurs rapports sur les violations des droits de l’homme durant le conflit a été victime de harcèlement en ligne.

Les plaignants, parmi lesquels figure également l’association kényane de défense des droits humains Institut Katiba, réclament que Meta modifie l’algorithme de Facebook qui, selon eux, rend viraux les discours de haine. «Les messages violents, haineux et dangereux remplissent tous les critères des messages que (cet algorithme) cherche à prioriser: ils suscitent la conversation, provoquent réactions et partages et motivent un va-et-vient dans la section des commentaires», relève la plainte, consultée par l’AFP.

«Discrimination» envers l’Afrique

Ils dénoncent également l’échec de Facebook à modérer les contenus signalés dans son pôle de Nairobi, qui couvre une vaste zone d’Afrique de l’Est et australe représentant 500 millions d’habitants. Il s’agit d’une «discrimination» envers le continent africain, estiment-ils, prenant pour comparaison les actions rapides prises par la plateforme aux États-Unis lors de l’attaque contre le Capitole du 6 janvier 2021. Certaines publications visant MM. Fisseha et Meareg sont toujours en ligne, souligne la plainte. Meta n’était pas joignable dans l’immédiat pour répondre à ces accusations.

Les plaignants demandent aussi la création d’un «fonds de dédommagement» de 200 milliards de shillings kényans (environ 1,6 milliard de dollars) pour les victimes de haine et de violence incitées sur Facebook. Pour Abrham Meareg, qui a fui cette année aux États-Unis, «si Facebook avait simplement arrêté la propagation de la haine et modérait correctement les publications, mon père serait toujours en vie».

«Je poursuis Facebook en justice pour que personne ne souffre plus jamais comme ma famille. Je demande justice pour des millions de mes compatriotes africains blessés par les profits de Facebook, et des excuses pour mon père», déclare-t-il dans un communiqué de l’association spécialisée dans les nouvelles technologies Foxgloves, qui soutient la plainte.

(AFP)

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