Ski freestyle – Eliminée en qualifications, Sarah Höfflin pense déjà à rebondir plus haut

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Ski freestyleEliminée en qualifications, Sarah Höfflin pense déjà à rebondir plus haut

Aux Jeux de Pékin, la Genevoise ne s’est pas qualifiée pour la finale du slopestyle. Ses petites fautes qui lui ont coûté cher ne l’empêchent pas de se réjouir de la suite.

Robin Carrel Zhangjiakou
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Robin Carrel Zhangjiakou
La Genevoise Sarah Höfflin a terminé loin des places qualificatives.

La Genevoise Sarah Höfflin a terminé loin des places qualificatives.

AFP

Il est environ midi, sur les hauts de Zhangjiakou. La température frôle les moins vingt degrés. Enlevez-en dix, pour avoir le ressenti correct. La Genevoise de 31 ans revient dans l'aire d'arrivée après avoir séché, ou plutôt dégeler ses larmes. la championne olympique de PyeongChang ne doublera pas la mise, notamment à cause du difficilement supportable petit vent chinois. Elle a terminé vingtième des qualifications – qui ne retiennent que les douze meilleures -, au terme de deux runs manqués et dont les notes (35,38 et 48,96) n'ont laissé aucun espoir de rechausser les skis mardi.

Pas de quoi faire perdre la lucidité à celle qui a aussi été Mancunienne dans ses jeunes années. «J'étais vraiment stressée, a-t-elle d'abord soufflé. J'ai eu de la peine au niveau mental à me dire: «Fais ton truc. Fais ton ski!» Parce qu’à l'entraînement, ça se passait super bien. Du coup, lorsqu’on se rate deux fois de suite quand ça compte... C'est qu'il y a peut-être un petit truc qui ne marchait pas là haut. Au premier run, je me suis manquée sur les rails. Au deuxième, je me suis loupée sur un trick que je fais les yeux fermés, d'habitude. Il y avait une plaque de glace, j'ai glissé dessus et j'avais trop de vitesse. Cela m'a bouffé tout le run. S'il avait été propre, ça aurait passé.»

Depuis son canapé, en ayant mis son réveil à cinq heures du matin, en Suisse; depuis l'aire d'arrivée en Chine, chaudement emmitouflé avec tous les habits qu'on a trouvés le matin dans sa chambre d'hôtel, on peut penser certaines fois qu'on a fourni un gros effort. Les athlètes, eux, même si ils sont dans leur bulle - dorée pour certains - pékinoise, ressentent une pression inconnue, une attente inhabituelle, qui n'est pas simple à gérer. Les spectateurs, donc les médias, forcément, les oublient quasiment pendant trois ans et dix mois, avant de les remettre sous les feux de la rampe.

«Je ne pensais qu'aux JO... Je crois que ça m'a un peu tordu mon mental.»

Sarah Höfflin

La Genevoise n'a surtout pas voulu trouver d'excuses. La pression, le snowpark, le froid, la neige trop blanche ou trop molle... «Non, l'endroit est vraiment bien. C'est juste moi qui ai commis quelques petites erreurs, a-t-elle assuré. La pression, oui et non, en fait. Je n'arrêtais pas de me répéter que je ne l'avais pas et que tout allait bien. Mais ces dernières semaines, avec beaucoup de journalistes, et puis moi, qui ne voulais pas faire le ski que je faisais d'habitude, parce que je ne pensais qu'aux JO... Je crois que ça m'a un peu tordu mon mental. Du coup, je suis assez contente que ce soit terminé.»

Ces satanés rails…

Ces satanés rails…

AFP

Sarah Höfflin est en plus arrivée en Chine dans la peau de la tenante du titre d’un sport qui progresse non pas en une Olympiade, mais quasiment à chaque saison. A chaque concours, même. «C'est clair que le niveau n'était pas le même, a confirmé la Suissesse. Mon run sur les rails était beaucoup plus simple il y a quatre ans. Si j'avais mis le parcours que j'avais fait en Corée du Sud aujourd’hui, ça n'aurait pas suffi non plus pour aller en finale. C'est normal qu'il y ait plus de pression, parce que notre sport progresse. Le statut, aussi, et même si j'ai bossé dur pour ne pas me l'avouer et ne pas y penser, ça a clairement fait une grosse différence. Quand on est en-haut de la piste et qu'on essaye de penser à autre chose, en fait on a que ça dans la tête.»

«Je suis triste de ne pas pouvoir montrer mes tricks en finale, mais bon... Au final, je trouve que, ces dernières semaines, c'est là que j'ai le plus progressé dans mon ski. J'ai appris plein de nouvelles figures sur les rails.» Comptez donc sur elle pour rebondir au plus vite: «Les meilleures choses, dans ma vie, sont souvent arrivées après de grosses chutes, de grosses déceptions ou de gros ratés. J'espère que ça va se passer de la même manière cette fois! J'adore le ski, j'adore ce que je fais et je pense que je suis assez mûre, que j'ai assez d'expérience pour bien repartir.» Rendez-vous dans quatre ans?

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