ClimatMilitant coffré en France: les autorités suisses affirment n’y être pour rien
Un Genevois avait été arrêté préventivement le 24 mars en marge des manifestations de Sainte-Soline (F). La Suisse dément avoir transmis son signalement à la France.
- par
- Marc Fragnière
Lou*, un activiste écologiste avait été intercepté à sa sortie d’une conférence sur l’eau à Melle (F), le 24 mars en marge des mobilisations contre les bassines de Sainte-Soline (F). Le jeune Genevois avait été placé en garde à vue puis avait passé quatre jours dans un centre de rétention à Bordeaux (F) avant d’être renvoyé en Suisse, menottes aux poings. A son arrivée sur territoire helvétique, il avait été libéré.
Après son interpellation, les forces de l’ordre locales lui avaient signifié qu’il était sous le coup d’une interdiction de territoire en France. Une décision prise le 23 mars, sur la base d’informations communiquées par la Suisse, selon elles. Or, toutes les autorités contactées par nos soins affirment n’y être pour rien dans cette affaire.
Le signalement n’a pas été fait par la Suisse
Ainsi, sans s’exprimer sur le cas individuel de Lou, le Service de renseignement de la confédération (SRC) rappelle que «les personnes qui se radicalisent politiquement ne relèvent pas de la compétence du SRC tant qu'aucune référence concrète à la violence ne peut être établie». Dès lors, la scène mainstream des activistes du climat n’est pas, en tant que telle, sous l’autorité du SRC. L’intervention de cette instance et sa communication d’informations à la France dans le dossier de Lou semblent dès lors exclues.
Le Ministère public bernois affirme pour sa part que, selon le dossier, «il ne ressortirait pas que le contenu de l'ordonnance pénale (voir encadré) ait été transmis par nos soins au gouvernement français». Quant à la police cantonale bernoise, elle rappelle: «La transmission de jugements pénaux est réservée à l'entraide judiciaire, c'est-à-dire à l'Office fédéral de la justice.»
Pour Me John Bingham, l’un des avocats qui représentent Lou en France, «il n’est pas impossible que la France ait agi seule, dans cette affaire». Il s’agira désormais pour l’avocat et ses confrères qui travaillent sur l’affaire de trouver l’origine de l’interdiction administrative de territoire qui vise Lou dans l’Hexagone et de contester l’arrêté devant le Tribunal administratif de Paris.
* Prénom d’emprunt
Une peccadille au casier
Militant pacifique, Lou ne compte qu’une seule inscription à son casier judiciaire pour opposition aux actes de l’autorité et insoumission à une décision de l’autorité. L’activiste avait participé à l’occupation de la place Fédérale fin septembre 2020 et n’avait pas quitté les lieux après les ultimatums de la police cantonale bernoise. Comme de nombreux autres militants, il avait été escorté hors du périmètre et avait été dénoncé à l’autorité compétente. En juin 2021, le Ministère public bernois avait sanctionné Lou d’une peine pécuniaire de 15 jours-amende à 30.- avec sursis pendant deux ans et d’une amende de 200.-