Football: Les grandes questions autour du projet footballistique valaisan

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FootballLes grandes questions autour du projet footballistique valaisan

Construction d’un nouveau stade ou rénovation, licence de jeu du FC Sion, investissements: voilà ce qu’il faut savoir et ce qui s’est dit autour du «Projet 2030» en Valais.  

Florian Vaney
par
Florian Vaney
C’est à ça que pourrait ressembler le Stade de Tourbillon en 2029.

C’est à ça que pourrait ressembler le Stade de Tourbillon en 2029.

Christian Constantin SA

Boomerang en or

«Donnez-nous du foncier, on sait le valoriser.» La formule «made in» Christian Constantin fait écho à une partie essentielle du projet présenté jeudi matin par le FC Sion et les collectivités publics. Président de la Ville de Sion, Philippe Varone s’est dit ouvert à l’idée de mettre à disposition du terrain pour la construction d’infrastructures, notamment des logements, dont les retombées financières serviront à garantir la pérennité du foot professionnel et de développement dans le canton.

Cela n’est pas sans rappeler les précédentes esquisses de nouveau stade voulu par Christian Constantin ces deux dernières décennies, dont aucune n’a abouti et sur lesquelles le président du FC Sion est fréquemment attaqué. Selon la formule: il récupère un terrain pour le club, qui devient un terrain constructible, avant de le vendre à de grandes enseignes en réalisant une plus-value.

Le boss du club phare valaisan n’a pas attendu que la critique lui soit adressée jeudi. Sa ligne de défense était prête. «Ça fait dix fois que je veux faire ce stade. À chaque fois, j’ai pu capitaliser des montants pour faire autre chose. Aujourd’hui, ces montants-là doivent revenir. Autrement dit: tous les processus d’avant, à Collombey, à Martigny, à Riddes, m’ont amené à développer différents projets de valorisation. Dans le but, à la fin, d’obtenir un pactole pour faire un nouveau stade. Maintenant, je ne suis pas bête, je sais qu’il y aura des conflits et des gens qui pensent que je suis là pour m’en mettre plein les fouilles.» Les collectivités publiques ne se sont pas prononcées sur le sujet.


Tourbillon: nouvelle construction ou rénovation?

C’est l’un des principaux sujets de divergence entre toutes les parties impliquées dans le projet: comment transformer Tourbillon? En construisant un nouveau stade ou en donnant un sérieux lifting à l’enceinte existante? «CC» défend l’option numéro 1, arguant que les coûts collatéraux à une rénovation (notamment pour loger la première équipe) plomberaient l’addition finale. Le Canton, représenté jeudi par son chef du département de la sécurité, des instituions et du sport Frédéric Favre semble plus frileux à l’idée d’une nouvelle construction.

«Christian Constantin a explicité à plusieurs reprises sa vision d’un nouveau stade. Ce n’est pas quelque chose d’acté par les pouvoirs publics pour autant, nuance-t-il. On doit étudier cette proposition. Tout comme on s’est mis d’accord pour étudier la possibilité d’une réfection du stade. Par ailleurs, le Conseil d’État sera très attentif à l’efficience des deniers publics. Personnellement, je ne suis ni pour ni contre un nouveau stade. Cela dépend du projet qui s’impose.» À ce titre, la lettre d’intention paraphée jeudi n’est l’assurance de rien.


Pour combien?

Voici d’abord les chiffres présentés par le président du FC Sion.

- 30 millions pour l’académie destinée à la relève (féminine et masculine) cantonale.

- 30 millions pour la gestion de la première équipe sédunoise lors des cinq saisons «de transition» avant l’apparition du nouveau stade.

- 150 millions pour le stade (15’000 places).

- 300 millions pour le développement immobilier autour du projet. «Mais ça, c’est mon boulot, je connais», assure Christian Constantin.

Selon la lettre d’intention, le Canton ne subventionnera pas à plus de 30% des coûts admis le nouveau stade (25% concernant l’académie). L’Olympique des Alpes SA, propriétaire du FC Sion, a lui fixé son plafond total à 50 millions et 30% des coûts totaux du projet.

` «Rien ne dit encore que les chiffres présentés par M. Constantin seront ceux qui mèneront à une subvention. Peut-être que oui, peut-être que non, tempère d’entrée Frédéric Favre. Je suis assez humble dans mes compétences d’architecte et de développeur de stade de foot: je n’en ai jamais fait! C’est pour ça qu’on doit faire étudier les diverses possibilités.»


Et pour quand?

Un échéancier en cinq points a vu le jour. Résumé brièvement, cela donne:

- Le projet passerait devant les pouvoirs exécutif et législatif en 2025.

- L’année suivante, l’académie destinée aux jeunes footballeurs valaisans doit voir le jour. La création de sept à neuf terrains est prévue, tout comme la rénovation de certains vestiaires et le passage d’un terrain en herbe vers le synthétique.

- Rénovation ou édifice flambant neuf, le nouveau Tourbillon est attendu pour 2029. À l’emplacement du site actuel.

- Dernière brique pour 2033, avec la réalisation du projet immobilier censé alimenter le football valaisan sur le plan financier.



Le «dernier grand projet» de Christian Constantin

Lorsque l’image d’un nouveau stade en Valais lui vient à l’esprit, Christian Constantin s’enflamme. Il tacle les enceintes créées en Suisse ces dernières décennies, «qui sont déjà obsolètes». Lui rêve de technologie, d’intelligence artificielle. Il manie la métaphore pour faire comprendre que Tourbillon accueillera les combats de gladiateurs des temps modernes. Il songe au Cirque du Soleil qui se produirait à la fin d’un match. «Le tout au service de l’émotion.»

En jouant sur la corde sensible, «CC» a évoqué son dernier grand projet, en acceptant «d’en prendre pour 10 ans». Celui qui doit finir de graver son nom dans l’histoire du Valais. Ou de satisfaire son ego. «Si je vais au Val d’Anniviers, personne se demande comment ont été construites toutes ces routes pour acheminer les gens au fond de la vallée à Grimentz et à Zinal. Tout le monde a le sentiment qu’avant lui, personne n’a rien fait, que tout découle d’un phénomène naturel. Mais la vie, ce n’est pas ça. La vie, ça a toujours été des hommes qui ont avancé, qui ont disparu et qui ont laissé derrière eux un héritage. Si on ne fait pas les choses, personnes ne les fera pour nous.»


Le FC Sion ne va pas saccager sa demande de licence

Par l’intermédiaire de son président, le FC Sion avait menacé de livrer à la Swiss Football League une demande de licence volontairement insuffisante pour prétendre continuer à évoluer au sein d’une des deux premières divisions nationales. Histoire d’ajouter de la pression sur ses partenaires et donner du relief à l’autre menace qui a agité l’année 2023 du club: son retrait du foot professionnel en 2024, sur fond de non-prolongation du contrat d’exploitation du stade qui lie le FC Sion à la Ville.

Avec la lettre d’intention signée jeudi, la menace a été glissée sous le tapis, tandis que la première équipe mène pour l’heure la Challenge League. «La lettre dit deux choses, précise Philippe Varone, président de la Ville. D’abord que la Ville va continuer à entretenir le stade pour que le club puisse jouer. Ensuite que le club, donc le FC Sion, s’engage durant toute la période d’étude à maintenir une équipe dans un niveau de jeu supérieur.»

Christian Constantin résume: «Si on peut monter en Super League, on monte!»

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