MalaisieLa coalition au pouvoir se maintient au niveau local
En Malaisie, la coalition du Premier ministre Anwar Ibrahim a contrecarré les espoirs d’une alliance de l’opposition de lui infliger une défaite aux élections organisées samedi dans six Etats.
Le scrutin de samedi au cours duquel plus de 9,7 millions de Malaisiens étaient appelés à élire les 245 membres des assemblées locales dans six des treize Etats malaisiens était largement perçu comme un baromètre du soutien au Premier ministre. Les résultats rendus publics par la Commission électorale montrent que la coalition réformiste multi-ethnique Pakatan Harapan d’Anwar Ibrahim a conservé trois États: ceux de Selangor, de Penang et de Negeri Sembilan.
L’alliance rurale musulmane d’opposition Perikatan Nasional dirigée par l’ancien chef du gouvernement Muhyiddin Yassin et dont le pivot, le Parti islamique malaisien (PAS), cherche à mettre en place un système théocratique en Malaisie, a maintenu sa domination sur ceux de Kedah, de Terengganu et de Kelantan.
Des analystes estiment que cette performance d’Anwar Ibrahim, nommé en novembre à la tête du gouvernement après des législatives indécises et qui était confronté à un défi politique majeur, va lui donner le temps de consolider son pouvoir dans ce pays majoritairement musulman d’Asie du Sud-Est.
Le gouvernement «reste fort»
Avoir conservé les Etats de Selangor, qui abrite le plus grand port de Malaisie, et de Penang, connu pour sa florissante industrie des semi-conducteurs, sont des succès très significatifs pour Anwar Ibrahim, soulignent les analystes. La coalition au pouvoir a toutefois perdu sa majorité des deux tiers dans celui de Selangor.
Le PAS, au sein de l’alliance Perikatan Nasional, avait suscité des inquiétudes au sein de l’actuel gouvernement en raison de sa solide prestation aux législatives de l’année dernière: la crainte était qu’il ne permette à l’opposition de s’emparer d’un ou de deux États supplémentaires.
«C’est une décision du peuple. Nous devons respecter cette décision», a commenté M. Anwar à l’issue des élections de samedi au cours d’une conférence de presse en fin de soirée, appelant également à l’unité après une campagne électorale marquée par les divisions. «Le gouvernement fédéral reste fort après ce scrutin et nous continuerons à promouvoir une Malaisie prospère», a-t-il ajouté.
«Une victoire pour Anwar»
Pour Bridget Welsh, une experte malaisienne de l’Université de Nottingham au Royaume-Uni, le fait d’avoir su conserver trois Etats a été une «victoire pour Anwar» car «il était entré dans cette campagne sur la défensive». Le Premier ministre «a plus qu’assez de temps» avant les législatives de 2027 «pour consolider» ses positions, selon Mustafa Izzuddin, du groupe de consultants Solaris Strategies Singapore.
Le parti de M. Anwar, qui dirigeait alors l’opposition, avait remporté le plus de sièges aux élections de 2022 mais n’avait pas atteint la majorité absolue nécessaire pour former un gouvernement. Cela l’avait forcé à s’allier à d’anciens adversaires pour finalement obtenir la majorité parlementaire des deux tiers et former un «gouvernement d’unité».
A la veille du scrutin de samedi, Anwar Ibrahim avait appelé à donner à sa coalition «un mandat clair et fort» en vue d’offrir un «meilleur» avenir à «toutes les races» de ce pays de 33 millions d’habitants. L’ethnie malaise constitue les deux tiers de la population qui compte aussi d’importantes minorités chinoise et indienne. Face à la coalition du Premier ministre, le PAS avait pour sa part musclé son discours reposant sur la race et la religion afin d’exalter ses troupes.