FOOTBALLCommentaire: YB, le match idéal pour commencer avec le FC Sion
Pour son intronisation sur le banc valaisan, le «débutant» Bettoni sera soumis à l’épreuve du feu samedi au Wankdorf, face au leader. Un rendez-vous où le visiteur n’aura rien à perdre. Cela peut être sa chance.
- par
- Nicolas Jacquier
Le 22 mai 2021, David Bettoni s’asseyait pour la dernière fois sur le banc du Real Madrid à l’occasion de la dernière journée de la Liga (2-1 contre Villarreal). Durant les cinq saisons qu’il a passées chez les Merengue, le technicien français a toujours œuvré dans l’ombre de Zinédine Zidane, dont il était le fidèle assistant. À Bernabeu, Bettoni a remporté trois Ligues des champions d’affilée (2016, 2017, 2018) et deux titres de champion d’Espagne, côtoyé au quotidien les stars de la Maison-Blanche, y compris deux Ballons d’Or avec Cristiano Ronaldo et Luka Modric. Cela vous pose la dimension du bonhomme.
Du luxe madrilène aux containers de Riddes
Ayant souhaité voler de ses propres ailes afin de s’affranchir de l’ombre de son fidèle ami, le voici désormais au FC Sion. À Riddes, on est très loin du faste qu’il a connu à la Ciudad Real Madrid, qui, depuis 2005, accueille à Valdebebas, le flamboyant centre d’entraînement du club espagnol sur quelque 150 hectares et 21’000 m2 d’infrastructures construites. Là-bas, on y trouve notamment 12 terrains (dont 7 en gazon naturel) et un stade de 8400 places où évoluent les espoirs de la Castilla.
Découvrant les portacabines qui font tout à la fois office de vestiaires, centre de fitness et médical, bureaux, etc., David Bettoni n’a nullement tiqué devant les containers composant son nouvel horizon. «C’est largement suffisant pour ce que l’on doit y faire», devait-il glisser à son nouveau président après avoir fait la veille le tour des installations. Apportant un regard neuf et des méthodes innovantes en Valais, le Français devrait aussi permettre au FC Sion de se renouveler dans des entraînements tranchant avec ce que ses joueurs ont connu depuis plusieurs années.
Pour sa première en tant que coach principal d’une équipe professionnelle, le successeur officiel de Fabio Celestini - après l’intermède Christian Constantin - a été gâté avec un déplacement gratiné ce samedi au Wankdorf où Sion ne s’est plus imposé en championnat depuis le 17 août 1996 (victoire 2-1, grâce à Lukic et Vercruysse).
Et si la 43e tentative était la bonne?
Et alors? Au moins le visiteur n’aura-t-il strictement rien à perdre. Un exploit et Bettoni entrera dans l’histoire en réussissant là où tous ses prédécesseurs ont échoué depuis presque 30 ans. Une défaite, qui serait la 36e encaissée dans la capitale (contre six nuls) depuis l’été 1996, et l’on trouverait cela normal.
Pour le «débutant» qu’il est en tant que No 1 , le timing est même idéal: mieux vaut commencer à Berne, même face à un YB condamné, devant son public, à stopper son inhabituelle série de partage des points, que de devoir affronter le FC Winterthour ou Grasshopper à Tourbillon, avec toute la pression que cela aurait inévitablement engendré. Quand tout concourt à se diriger vers une énième désillusion dans la capitale, là même où Sion y a écrit ses plus belles légendes en Coupe de Suisse, cela peut-être justement l’occasion rêvée d’un changement de paradigme. Ou peut-être pas.
Cette première de Bettoni livrera aussi de précieux indices sur son approche tactique, que l’on sait résolument offensive, et sa manière de gérer les fortes têtes - pensons en premier lieu à celle de Mario Balotelli, absent mardi à l’occasion de la présentation de son nouvel entraîneur (ndlr: l’attaquant a bénéficié d’un jour de congé supplémentaire, d’entente avec son président). Après avoir dû composer avec les ego des stars du vestiaire madrilène, régler le cas de la diva italienne devrait être dans ses cordes. Le rendez-vous du Wankdorf, qui sera aussi celui des extrêmes, dira si l’ancien bras droit de Zizou a trouvé les bons mots pour ressusciter le fantomatique No 45 du FC Sion.
Et si le réveil attendu du FC Sion, après des semaines de somnolence, coïncidait avec celui de Balotelli?