BâleÉcolier poignardé: «C’est le geste d’une femme malade»
Jugeant «très dangereux» de la laisser en liberté, la justice bâloise a confirmé mardi l’internement de la septuagénaire qui avait tué un enfant de 7 ans alors qu’il rentrait de l’école.
- par
- Jonathan Zalts
Elle avait «supprimé la vie d’un enfant innocent» et n’avait montré aucun signe de remords à ce propos. Mardi, cette femme de 76 ans comparaissait devant le Cour d’appel de Bâle-Ville pour l’assassinat en 2019 d’un écolier de sept ans.
Souffrant d’un trouble psychique chronique et délirant, la retraitée, qui n’avait jamais nié les faits, avait été condamnée en première instance à l’internement. Une peine dont elle a demandé l’annulation cette semaine devant les juges. La famille de la victime, qui voyait sa vie «détruite», a quant à elle réclamé des dommages et intérêts ainsi qu’une réparation pour tort moral.
Expertise «incompréhensible»
Selon la «Basler Zeitung», la septuagénaire a déclaré lors du procès qu’elle n’avait pas besoin d’un traitement psychiatrique et qu’elle refusait la médication adaptée. Son avocat a pour sa part remis en question l’expertise qui avait diagnostiqué chez sa cliente une forme grave de quérulence (ndlr: une tendance pathologique à la revendication), la jugeant «peu soignée» et «incompréhensible».
Pour appuyer la demande financière de ses clients, l’avocat de la famille a quant à lui mis en lumière le patrimoine de plus de 20 000 francs de la retraitée et indiqué que cette dernière avait les moyens de payer la réparation réclamée en recourant également à ses revenus de l’AVS.
Démêlés judiciaires
Maintenant sa version des faits, l’accusée a assuré ne pas avoir prémédité son acte et évoqué des «représailles» envers des autorités qui l’auraient poussé à tuer. «Je n’ai cessé de me manifester pendant 40 ans, mais personne ne m’a aidée», s’est-elle indignée, relate la «Basler Zeitung».
Selon l’expertise, la septuagénaire était en effet en proie à des démêlés judiciaires de longue date, auxquels était mêlé son ex-mari, décédé en 1999. Le couple avait notamment été évacué de force de son appartement à Allschwil (BL) en 1992. Ces déboires ont contribué à développer progressivement une affection délirante chronique chez la retraitée.
Danger pour la société
Mardi, la Cour d’appel a indiqué qu’en attaquant par-derrière l’enfant de sept ans avec un couteau de cuisine, l’accusée avait agi de «sang-froid», de manière «égoïste», «planifiée» et sans aucun égard pour la souffrance infligée à la famille. «C’est l’acte d’une femme malade», a souligné la Cour. Estimant «très dangereux» pour la société de laisser la septuagénaire en liberté, la justice bâloise a confirmé son internement, rapporte la «Basler Zeitung».
Elle a également accordé à la famille un peu moins de 200 000 francs de dommages et intérêts et de réparation pour tort moral, soit près de deux tiers de la somme qu’elle réclamait. Ce jugement n’est pas encore entré en force et peut faire l’objet d’un recours.