DiplomatieVladimir Poutine en Chine pour rencontrer son «ami» Xi Jinping
C’est le premier déplacement du président russe Vladimir Poutine dans une grande puissance mondiale depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
Le président russe Vladimir Poutine est arrivé mardi à Pékin, où il doit rencontrer son homologue et «cher ami» Xi Jinping, à l’occasion d’un grand sommet multilatéral qui devrait être en partie éclipsé par l’actuel conflit entre Israël et le Hamas.
Le dirigeant est descendu de son avion, qui a atterri peu avant 09h30 (03h30 suisses) dans la capitale chinoise, a constaté une journaliste de l’AFP. La Chine accueille jusqu’à mercredi les représentants de quelque 130 pays pour le forum des «Nouvelles routes de la soie» (projet aussi appelé «La ceinture et la route»), un événement diplomatique majeur qui devrait contribuer à renforcer sa stature internationale.
Invité de premier plan, Vladimir Poutine effectue son premier déplacement dans une grande puissance mondiale depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, qui a contribué à isoler la Russie de nombreux autres États. La relation personnelle entre Xi Jinping et son homologue russe, qui se sont mutuellement qualifiés de «chers amis», est au cœur de ce rapprochement entre les deux pays. «Le président Xi Jinping m’appelle son ami et je l’appelle aussi mon ami», a ainsi affirmé avant sa visite Vladimir Poutine dans un entretien avec la télévision chinoise.
L’ascendant de Pékin sur Moscou
Les deux hommes «discuteront de manière amicale et franche (…) des problèmes urgents de la coopération pratique bilatérale et de l’ordre du jour international», a expliqué le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov. En mars dernier, Vladimir Poutine avait reçu Xi Jinping et ceux-ci avaient affiché leur entente, prônant un renforcement de la coopération économique et militaire pour contrer ce qu’ils présentent comme l’hégémonie américaine.
Lourdement sanctionnée par les Occidentaux en raison de son offensive contre l’Ukraine, la Russie cherche depuis plusieurs mois à resserrer les liens – économiques, militaires ou encore dans le domaine énergétique -, déjà très bons, avec la Chine, laquelle semble avoir pris l’ascendant dans leurs relations bilatérales – déséquilibrées avec l’affaiblissement russe dû à la guerre.
Moscou est désormais «dans une position de dépendance sans précédent vis-à-vis» de Pékin, en particulier sur le plan économique, estime à cet égard Bjorn Alexander Duben, un expert en relations internationales à l’université du Jilin (Chine).
Y aura-t-il des surprises pendant la visite de Vladimir Poutine? Peu d’experts s’attendent à des annonces majeures. Elle devrait surtout être l’occasion pour Pékin d’afficher un soutien symbolique à Moscou. «La Russie est consciente que la Chine ne souhaite pas signer d’accords à grand renfort de publicité», déclare à l’AFP Alexander Gabuev, le directeur du centre de réflexion Carnegie Russia Eurasia Center. «C’est la Chine qui a toutes les cartes en main», insiste-t-il.
Conflit Israël-Hamas
Toutefois, les médias du monde entier auront leur attention fixée sur l’actuel conflit entre Israël et le Hamas. L’État hébreu a déclaré la guerre au Hamas après que des vagues de combattants de ce groupe islamiste palestinien ont franchi le 7 octobre la frontière entre la bande de Gaza et Israël pour massacrer plus de 1.400 personnes – la plupart des civils.
Depuis, plus d’un million de Gazaouis ont fui leur domicile à la suite des bombardements israéliens qui ont déjà provoqué la mort d’environ 2750 personnes, principalement des civils, selon les autorités palestiniennes. La Chine appelle à la protection des populations. Mais des dirigeants occidentaux lui ont reproché de ne pas avoir condamné le Hamas.
Le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a parlé dimanche avec le secrétaire d’État américain, Antony Blinken. Ce dernier avait appelé Pékin à user de son «influence» pour apaiser la situation au Moyen-Orient. La Chine entretient d’excellentes relations avec l’Iran, qui soutient le Hamas mais aussi le groupe islamiste chiite Hezbollah, lequel, basé au Liban, pourrait ouvrir un nouveau front contre Israël.