Session Credit SuisseLes parlementaires font une croix sur leurs vacances de Pâques
Effet collatéral de la débâcle du Credit Suisse, les élus, le personnel de l’Administration fédérale et certains membres du Conseil fédéral doivent revoir leurs plans.
- par
- Eric Felley
Membre du bureau du Conseil national, Benjamin Roduit (C/VS) a eu pas mal de travail supplémentaire depuis une semaine pour organiser la session extraordinaire sur le rachat de Credit Suisse prévue du 11 au 13 avril prochain au Parlement. «À cette occasion, note-t-il, c’est une première, le bureau propose à l’unanimité de créer une commission d’enquête parlementaire. On voulait donner un signal fort».
Généralement, les sessions extraordinaires sont intégrées dans le calendrier normal d’une session à venir, mais ici, le Parlement a estimé que l’urgence était déterminante pour convoquer l’Assemblée fédérale. Outre la commission d’enquête parlementaire, elle devra se prononcer sur la ligne de crédits et de garanties de 109 milliards de francs accordée le 19 mars dernier aux banques Credit Suisse et UBS. Cette opération mobilise les Services du Parlement, du personnel de l’Administration fédérale et les 246 parlementaires: «Beaucoup ont dû annuler leurs vacances de Pâques, relève Benjamin Roduit, et certains conseillers fédéraux aussi, qui seront concernés par les propositions de commission». En premier lieu: Karin Keller-Sutter (Finances), Élisabeth Baume-Schneider (Justice) et Guy Parmelin (Économie).
«L’intérêt supérieur du pays»
Les vacances du Parlement étaient agendées du 6 au 17 avril. Le conseiller national Olivier Feller (PLR/VD) avait organisé un séjour de longue date: «J’avais prévu un voyage, mais j’ai pu modifier toutes mes réservations sans trop de frais pour le reporter d’une semaine. Nous avons évoqué cette situation avec des collègues qui sont dans la même situation, mais, ma foi, c’est ainsi. L’intérêt supérieur du pays prime. Il y a aussi l’administration et les journalistes qui devront s’adapter…»
Pour Sidney Kamerzin (C/VS), la semaine après Pâques était prévue pour la vie de famille: «C’est juste que je passerai un peu moins de temps que prévu avec les enfants, regrette-t-il. C’est comme ça, c’est la raison d’État. Mais pour ceux qui ont des réservations, cela peut paraître problématique, car la tenue de cette assemblée extraordinaire n’est pas un motif valable pour annuler une réservation et se faire rembourser. Il faudrait un certificat médical, la raison d’État ne suffit pas!»
La Toscane aller et retour
L’avocat neuchâtelois Baptiste Hurni (PS/NE) tient à relativiser les nuisances sur son emploi du temps: «Par rapport à l’enjeu d’une telle session, où se joue une partie de l’histoire de la Suisse, la question des vacances me paraît anecdotique. Nous étions tenus d’organiser cette session dans les trois semaines. Étant donné l’objet que nous traitons, le Parlement se doit de respecter les règles. Mais personnellement, j’avoue que ça me contrarie. Je n’ai pas pris de vacances depuis le mois d’octobre et j’attendais cette période, où j’ai prévu un séjour en Toscane. Je ne l’annulerai pas, je reviendrai pour les trois jours. Cela dit, je me réjouis de la session elle-même et de son contenu. La Confédération s’est engagée pour 259 milliards de francs et cela mérite que le Parlement vérifie certaines choses».
«Ça va être compliqué de venir à Berne»
Mais tout le monde n’est pas en vacances durant cette période. Pour Léonore Porchet (V/VD), la situation est différente: «Je ne suis pas en congé à ce moment-là. Comme je dirige le festival BDFIL, cela me pose un problème d’emploi du temps. Le festival commence le 1er mai et à deux semaines de l’ouverture, je suis très occupée et ça va être compliqué de venir à Berne». Elle constate ainsi que le Parlement de milice répond mal à ce type de situation chez certains et certaines qui ont des obligations professionnelles ou familiales.