Qatar 2022Quand l’arbitre perd le contrôle d’un quart de finale de Coupe du monde
Antonio Miguel Mateu Lahoz a complètement raté son match, vendredi soir, au Mondial 2022 de football. Ses ambitions de finale se compliquent…
- par
- Robin Carrel
On dit que quand on ne voit pas un arbitre, c'est qu'il fait un bon match. Vendredi soir, on n'a presque vu que l'homme en noir et ce n'est forcément pas une bonne nouvelle. «De l’arbitre je ne dirai rien. Je le connais, j’ai de bonnes relations avec lui, restons-en là.» Lionel Scaloni, l'entraîneur argentin, a choisi la sobriété, après la qualification des siens pour les demi-finales du Mondial. Ce qui n'a pas tout à fait été le cas de ses joueurs, même si les Argentins ont bénéficié d'un penalty très généreux - que la VAR a sans doute revu, mais sans demander à l'arbitre de venir s'en préoccuper devant l'écran mis à sa disposition au bord du terrain... - et que Messi aurait dû prendre un deuxième avertissement pour une main volontaire aussi grossière que grotesque.
«L'arbitre, je préfère ne même pas en parler. On ne peut pas être franc, mais les gens ont vu ce qu'il s’est passé. Avant le match, on avait peur et il s’est produit exactement c’est qu’on attendait. La FIFA doit se préoccuper de ça. Elle ne peut pas mettre un arbitre comme ça pour un match d’une telle envergure. L’arbitre ne peut pas ne pas être à la hauteur», s'est froidement énervé Messi. «Comme cet arbitre est fou, arrogant... Tu lui dis quelque chose, il te parle mal. Il a donné dix minutes de temps additionnel, il voulait qu'on concède l'égalisation. Honnêtement, c'est le pire arbitre de la Coupe du monde et de loin», a quant à lui grincé Emiliano Martinez.
Dire qu'Antonio Miguel Mateu Lahoz a fait carton de tout bois n'est qu'un doux euphémisme. Selon certains spécialistes du sifflet, sa volonté absolue de terminer la partie à 11 contre 11 était louable. Elle a toutefois fini par faire long feu. Le Hollandais Dumfries a, en effet, été expulsé bien après la 120e minute, pour deux avertissements consécutifs. Quinze autres biscottes ont été distribuées dans la partie: à Timber, Weghorst, Depay, Berghuis, Bergwijn, Van Dijk, Lang, Acuna, Romero, Martinez, Paredes, Messi, Otamendi, Montiel et Pezzella...
C'est globalement l'autorité du directeur de jeu sur la rencontre qui est remise en cause. Alors qu'il restait un quart d'heure dans le temps réglementaire, par exemple, Mateu Lahoz a donné 21 coups de sifflet (!) dans le vide, sans que les acteurs ne lui prêtent la moindre attention. Pire, les avertissements brandis sous le nez de Martinez et de Depay à cette occasion n'ont eu absolument aucun effet sur la suite des événements. Comme on dit dans le jargon, l'arbitre a alors «perdu les joueurs.»
Car ensuite, quand Paredes a dégagé Aké violemment, puis dans la foulée frappé le ballon sur le banc néerlandais (89e), conduisant à un début d'échauffourées, il n'a pris qu'une «biscotte». Van Dijk, qui est allé pousser le milieu argentin après une longue course d'élan, n'a même pas été inquiété. Réglementairement, les deux hommes auraient dû quitter le pré séance tenante et ça aurait, peut-être, enfin remis tout le monde sur le droit chemin et la fin de partie aurait pu ressembler à quelque chose. Il n'en a rien été et la prolongation a plus tenu d’une partie de cour d'école où tous les coups étaient permis que d’un quart de finale de Coupe du monde.
L'arbitre originaire de la région de Valence a pourtant une expérience énorme des matches à enjeu. Il avait déjà sifflé lors de la Coupe du monde 2018, l'Euro 2020 et même la finale de la Ligue des Champions 2021 entre Manchester City et Chelsea (41 matches de C1 en tout). Au pays, son premier «Clasico» entre le Real Madrid et le FC Barcelone date de plus de dix ans. Mais son vécu et sa faculté à davantage parler que sanctionner se sont retournés contre lui vendredi soir. Mateu Lahoz, qui faisait partie des favoris pour diriger la finale dimanche prochain, s'est mis tout seul hors-jeu.