Royaume-UniAprès un an à Downing Street, Rishi Sunak est à la peine
Le Premier ministre britannique est arrivé au pouvoir le 25 octobre 2022. Certaines de ses promesses ont presque été tenues, mais son Parti conservateur reste à la traîne dans les sondages.
Après un an à Downing Street, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a bien peu de choses à célébrer, et les élections législatives prévues l’an prochain s’annoncent très difficiles pour son Parti conservateur.
L’ancien banquier d’affaires de 43 ans était arrivé au pouvoir le 25 octobre 2022, après les 49 jours catastrophiques de Liz Truss, poussée à la démission après avoir affolé les marchés avec ses promesses de baisses d’impôt non financées. Elle-même avait succédé à Boris Johnson, qui avait démissionné en juillet 2022, après une succession de scandales, dont celui des fêtes illégales à Downing Street durant le Covid.
«Il n’incarne pas vraiment d’autorité»
Depuis, plusieurs revers cinglants dans des élections partielles face à l’opposition travailliste sont venus souligner les difficultés de Rishi Sunak à redorer le blason de son parti, au pouvoir depuis treize ans. «Plus les gens voient Sunak, moins ils l’apprécient en quelque sorte», déclare Tim Bale, auteur d’un livre sur la droite conservatrice depuis le Brexit. «Il n’incarne pas vraiment d’autorité, il ne donne pas forcément l’impression de contrôler les événements. Il semble passer d’une initiative politique à une autre, dans une tentative désespérée de s’attirer les faveurs des électeurs.»
Selon Richard Hayton, expert de la politique britannique, Rishi Sunak a «calmé les luttes partisanes» chez les conservateurs et «contribué à redonner une certaine crédibilité» à la fonction de Premier ministre. Cependant, l’ancien ministre des Finances «a eu du mal à proposer une vision cohérente ou convaincante», qui puisse résonner auprès des électeurs.
L’inflation a certes baissé, mais la croissance est minime
Depuis plus d’un an, le Parti travailliste affiche une avance à deux chiffres dans les sondages pour les législatives. Les efforts de Rishi Sunak pour reprendre la situation en main sont «loin d’être suffisants», abonde David Jeffery, maître de conférences en sciences politiques à l’Université de Liverpool.
En janvier, Rishi Sunak avait énoncé les cinq priorités de son mandat, dont celles de réduire de moitié l’inflation, relancer l’économie et empêcher les bateaux de migrants de traverser la Manche au départ de la France. Près d’un an plus tard, l’inflation a diminué mais reste à 6,7%, la croissance est minime et plus de 26’000 migrants ont débarqué sur les côtes anglaises depuis janvier 2023 – contre 46’000 l’an dernier.
Le candidat du «changement»…
Pour David Jeffery, Rishi Sunak s’est «rendu otage» de ses promesses. Le Premier ministre a donc changé de stratégie cet automne, en se positionnant comme le candidat du changement face à son rival travailliste, Keir Starmer, bien que les conservateurs soient au pouvoir depuis treize ans. Il s’est érigé en défenseur des automobilistes, faisant machine arrière sur certaines politiques environnementales. Il a aussi confirmé qu’il abandonnait la construction d’un tronçon d’une coûteuse liaison ferroviaire à grande vitesse.
Malgré ces annonces, la cote de popularité de Rishi Sunak est tombée au plus bas le mois dernier. La semaine dernière, un sondage donnait douze points d’avance aux travaillistes. «Il semble qu’ils aient épuisé toutes leurs munitions», conclut le politologue Tim Bale.
«Les électeurs veulent simplement du changement»
Les espoirs du Premier ministre reposent désormais sur une amélioration de la situation économique, qui redonnerait un peu de souffle aux Britanniques, affectés depuis des mois par une grave crise du coût de la vie. Selon des données publiées mercredi, la croissance des salaires a dépassé l’inflation pour la première fois depuis près de deux ans au Royaume-Uni, une lueur d’espoir pour le gouvernement.
Les experts s’attendent également à ce que Rishi Sunak intensifie les attaques personnelles contre son rival travailliste Keir Starmer et celles contre la culture «woke». Mais Tim Bale pense que les électeurs ont déjà fait leur choix: «Ils veulent simplement du changement, et ni lui ni eux (les conservateurs, ndlr) ne l’incarnent.»