JO de TokyoSimone Biles: «Je l’ai fait pour moi»
L’Américaine, en proie à des problèmes de confiance, s’est consolée avec du bronze à la poutre. Elle quitte Tokyo avec tout de même deux médailles.
La superstar de la gymnastique Simone Biles a remporté mardi la médaille de bronze lors de la finale de la poutre aux Jeux de Tokyo. L’Américaine laisse ainsi son titre olympique à la Chinoise Guan Chenchen.
À l’arrêt depuis une semaine, Biles, quadruple championne olympique à Rio, a obtenu la note de 14,000 points avec un exercice simplifié à la poutre. Elle a été devancée par les Chinoises Chenchen Guan avec 14,633 points et Tang Xijing (14,233 pts).
«Je l’ai fait pour moi et je suis fière d’avoir été capable de concourir encore une fois», a expliqué Simone Biles aux journalistes en sortant de la compétition, comme soulagée mais sans excès de joie.
«Nous sommes humains, nous ne sommes pas juste des attractions et il y a des choses qui se passent en coulisses dont les gens n’ont aucune idée», a-t-elle dit précisant aussi qu’elle avait perdu sa tante il y a deux jours.
Biles repart de Tokyo avec deux médailles, les sixième et septième de sa carrière: celle en argent du concours par équipes et celle-ci à la poutre, bien loin du bilan que tout le monde envisageait pour elle depuis des mois.
Un exercice simplifié
La star attendue des Jeux, en proie à une perte de confiance et confrontée à un phénomène de perte de repères dans l’espace («perte de figure» ou «twisties»), avait abandonné en pleine finale du concours général par équipes, à la stupeur générale, puis renoncé à quatre finales (concours général, saut, sol, barres). Mardi soir, elle a réalisé un exercice propre à la poutre, mais simplifié notamment pour sa sortie qu’elle a réalisé en double salto arrière mais sans vrilles.
«J’étais un peu nerveuse pour la sortie car nous avons dû la changer et je n’ai pas fait de double arrière carpé depuis que j’avais 12 ans. Mais venir et concourir encore une fois et avoir le soutien de tout le monde est le plus important pour moi», a-t-elle confirmé.
Le phénomène de «perte de figure» qui lui fait perdre ses repères dans l’espace, est particulièrement problématique sur les acrobaties arrières comportant des vrilles, d’après les spécialistes, de surcroît chez une gymnaste qui réalise des acrobaties extraordinaires. Simone Biles a déjà quatre figures baptisées de son sceau et souhaitait en inaugurer une nouvelle, au saut, lors des JO.
Félicitée par Thomas Bach
Au bout d’une semaine cauchemar, Simone Biles, même encore fragilisée, a montré sa force de caractère. «À ceux qui disent que je renonce. Je ne renonce pas, mon esprit et mon corps ne sont simplement pas synchronisés», écrivait vendredi sur les réseaux sociaux celle qu’on considère comme la plus grande gymnaste de tous les temps pour expliquer les tourments qui l’ont empêchée de concourir sur les agrès tokyoïtes depuis une semaine. Qu’elle ne renonce pas, Biles (24 ans) en a apporté la preuve mardi.
Un tour de force quand on sait la terrible semaine que vient de vivre la quadruple championne olympique 2016 , saluée en personne par le président du Comité international olympique Thomas Bach, installé au premier rang et descendu ensuite au bord des tapis.
Mardi dernier, Biles, qualifiée pour les six finales de la gymnastique artistique féminine, avait renoncé à la stupeur générale à poursuivre le concours général par équipes après un seul saut, mal maîtrisé. «Je dois faire ce qui est bon pour moi et ne pas compromettre ma santé et mon bien-être», avait-elle assumé.
Puis, au fil des jours suivants, elle avait successivement renoncé aux finales du concours général individuel, du saut, des barres asymétriques et du sol. Elle avait posté, aussi, une vidéo la montrant chutant lors de sorties aux barres à l’entraînement.
«Physiquement, je n’aurais pas été capable de faire les autres finales sans me mettre en danger, parce qu’il y a des vrilles, et que j’aurais continué de me perdre en l’air et de me «crasher», explique-t-elle.
Evidemment, Biles, annoncée depuis des mois comme «LA» star à venir des Jeux de Tokyo, à grand renfort de couvertures de magazines et de spots télévisés, quitte la scène olympique loin de ses ambitions initiales. Avec de l’argent par équipes et du bronze à la poutre, le record de neuf médailles d’or olympiques de la Soviétique Larissa Latynina, qui semblait à sa portée, reste très loin.
Mais en ayant surmonté ses difficultés du moment pour s’inviter tant bien que mal sur le podium, on peut imaginer que celle qui était déjà une icône du sport mondial, notamment pour avoir croisé le fer avec sa fédération dans l’affaire Nassar, du nom du médecin reconnu coupable d’agressions sexuelles sur des dizaines de gymnastes américaines, en sortira encore grandie aux yeux du monde entier.
C’est finalement sans effusion, malgré la dizaine de caméras et appareils photo braqués sur elle, qu’elle a accueilli ce bronze «plus doux» que celui de Rio.
«Pas de mots pour dire combien je suis fière de toi Simone», a admiré sa coach sur les réseaux sociaux.
Comment voit-elle la suite ? «Il faut que je digère ces Jeux olympiques, je n’ai pas du tout Paris (2024) en tête, répond Biles. Il y a tellement de choses sur lesquelles je dois travailler d’abord.»
Avant que la compétition ne démarre, elle s’était échauffée tranquillement avec sa coéquipière Sunisa Lee - championne olympique du concours général en son absence - et a répété son mouvement avec des sorties sans vrilles.
Elle a confirmé qu’elle ferait bien la tournée américaine «Gold over Tour» avec les gymnastes américaines, dans 35 villes des États-Unis, qui débute fin septembre.