SalvadorUne femme en prison pour suspicion d’avortement libérée
Kenia vient d’être libéré après plus de neuf années d’emprisonnement pour suspicion d’avortement. Elle avait été condamnée à 30 ans de réclusion.
Des associations féministes ont célébré mardi au Salvador la libération, après neuf ans d’incarcération, d’une jeune femme qui avait été condamnée à 30 ans de prison pour suspicion d’avortement. «Nous allons continuer à nous battre et à insister pour que les femmes qui sont encore emprisonnées retrouvent leur liberté», a déclaré à l’AFP Morena Herrera, directrice de l’Association citoyenne pour la dépénalisation de l’avortement (ACDATEE).
Kenia est la quatrième femme à être libérée de prison depuis décembre, après Karen, Kathy et Evelyn, qui purgeaient toutes des peines pour homicide aggravé après avoir souffert d’urgences obstétricales ayant entraîné des fausses couches. «Chaque fois qu’une femme est libérée de prison, nous nous réjouissons car il est absolument injuste qu’elle ait été criminalisée pour une urgence obstétrique», a ajouté Morena Herrera.
Kenia est sortie de prison lundi après avoir bénéficié d’une mesure de «libération anticipée», accordée par un juge à la demande de l’ACDATEE. Le Code pénal salvadorien interdit depuis 1998 l’avortement en toutes circonstances, même en cas de danger pour la santé de la mère ou de l’enfant, et prévoit des peines pouvant aller jusqu’à huit ans de prison. Cependant, les poursuites sont généralement engagées pour «homicides aggravés», passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à 50 ans de prison.
Selon l’organisation féministe Agrupación Ciudadana, la jeune femme est tombée enceinte à 17 ans après une agression sexuelle. Elle a ensuite souffert d’une «urgence obstétricale» dans une grange située à côté de la maison où elle vivait. «En la voyant se vider de son sang, (son père) a appelé le numéro d’urgence pour obtenir de l’aide. Au lieu d’aider Kenia pendant son urgence médicale, la police salvadorienne l’a arrêtée et l’a inculpée d’homicide aggravé», a déclaré l’organisation dans un communiqué.
La libération de la jeune femme «est un espoir dans la lutte» pour «les droits sexuels et reproductifs des femmes pauvres du Salvador» qui sont dénoncées lorsqu’elles arrivent dans les hôpitaux publics, a-t-elle ajouté. En vertu de la stricte législation anti-avortement de ce pays d’Amérique centrale, dix femmes sont toujours incarcérées, et deux sont toujours en procès.