Contestation: Micheline Calmy-Rey critique l’inaction de Berne face à l’Iran

Publié

ContestationMicheline Calmy-Rey critique l’inaction de Berne face à l’Iran

L’ex-cheffe de la diplomatie estime que la Suisse ne fait pas assez entendre sa voix pour tenter de faire fléchir le régime iranien qui fait face à un mouvement de contestation sans précédent.

Laurent Guiraud/ Tamedia

Invitée à s’exprimer sur la situation en Iran, l’ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey n’a pas ménagé ses critiques face au Conseil fédéral dans l’émission «Mise au Point» dimanche soir sur la RTS. «Je me demande ce que fait la Suisse, parce que la voix de la Suisse compte!», s’est exclamée la Genevoise. «Elle représente les intérêts américains en Iran, les intérêts iraniens en Égypte, au Canada ou en Arabie saoudite», a-t-elle rappelé.

Et de cibler en particulier le Département fédéral des affaires étrangères, qu’elle a elle-même dirigé. «Je n’ai pas vu que la Suisse ait fait quoi que ce soit au Conseil des droits de l’homme, je n’ai pas vu qu’elle ait tenté quoi que ce soit aux Nations Unies», a-t-elle fustigé. «Pourtant la Suisse est le berceau du droit international, elle défend les droits humains. J’attends autre chose que des mots, autre chose que la convocation d’un représentant de l’Iran auprès du DFAE».

Slogans et soutien international

Pour rappel, le mouvement de contestation ne faiblit pas en Iran, plus d’un mois après la mort de Mahsa Amini, cette Kurde iranienne de 22 ans décédée le 16 septembre, trois jours après son arrestation pour avoir enfreint le strict code vestimentaire de la République islamique. Depuis, les Iraniennes crient des slogans contre le régime, enlèvent et brûlent leur foulard, se coupent des mèches de cheveux et tiennent tête aux forces de sécurité dans les rues.

Le mouvement a entraîné des manifestations de solidarité à l’étranger ainsi que des sanctions américaines et européennes contre des responsables iraniens. En Suisse plusieurs mobilisations ont déjà eu lieu, notamment à Lausanne, Genève, Berne et Zurich. Le Parti socialiste se mobilise également et attend de la Suisse qu’elle s’associe à d’éventuelles sanctions contre l’Iran.

La question des sanctions

Mais l’ex-ministre socialiste, qui s’est dite «admirative» envers le courage des femmes iraniennes, s’est montrée très prudente en ce qui concerne la reprise des sanctions par Berne. «C’est un dilemme pour la Suisse», a-t-elle relevé. Elle a rappelé que des sanctions supplémentaires pourraient avoir des retombées économiques dangereuses «sur une population qui souffre déjà». En outre, la crédibilité de la Suisse dans son rôle de représentante des intérêts américains et iraniens pourrait être mise en cause.

Maintenir le web ouvert

L’ancienne conseillère fédérale a suggéré une autre piste: l’accès à internet. Elle a en effet rappelé que le régime iranien avait fortement restreint le web, l’un des moyens de mobilisation dans le pays. «Peut-être que l’on pourrait aider à maintenir ces accès ouverts», a-t-elle proposé. «C’est au moins un moyen de faire quelque chose».

(cht)

Ton opinion

37 commentaires