FranceDernier adieu au photographe romand mort dans la rue
René Robert, qui a agonisé des heures en plein Paris sans recevoir d’aide, a été inhumé lundi. Son décès révoltant a suscité énormément de réactions.
- par
- Michel Pralong
Ils ont été beaucoup plus nombreux à venir lui rendre un dernier hommage qu’il n’y a eu de monde lorsqu’il est tombé dans la rue. Et encore, si la famille n’avait pas réservé ses obsèques à ses proches, il y aurait certainement eu plus que cette centaine de personnes ce lundi au cimetière de Pantin pour dire adieu à René Robert. Ce photographe, né à Fribourg, a connu une fin tragique mais surtout révoltante. Après s’être effondré dans une rue pourtant passante de Paris en soirée, il est resté là jusqu’au petit matin, jusqu’à ce qu’enfin un SDF prévienne les secours qui ne sont hélas pas parvenus à le sauver.
Ce froid, en partie responsable de sa mort, il était également présent lors de ses funérailles, qui se sont déroulées sous un «crachin glacial», écrit «L’Obs». «Que vous soyez venus aussi nombreux dans ce froid, sous la pluie, montre bien combien le défunt était entouré et aimé», a dit le maître de cérémonie. Ses proches ont loué sa gentillesse, son humilité et son amour fou pour le flamenco, qu’il a passé sa vie à photographier après avoir quitté la Suisse pour monter à Paris.
Son ami, le journaliste Michel Mompontet, à qui l’on doit de connaître les détails de sa mort, était présent à ces funérailles, lors desquelles il disait vouloir essayer de transmettre à la famille un peu de l‘affection des milliers de messages qu’il a reçus. «Sa mort a eu une répercussion mondiale, nous a-t-il expliqué au téléphone. Cette indifférence cette nuit-là a trouvé un écho chez beaucoup de personnes».
Qu’ils émanent de particuliers, de médecins, ou de médias, les messages sur la mort de René Robert ont en effet afflué sur les réseaux sociaux, en français, en espagnol (langue du flamenco) bien sûr, mais également en italien, en anglais. Il n’y a qu’à taper le hashtag #ReneRobert pour se rendre compte de l’émotion qu’a créé ce décès.
Comment est-ce possible qu’à notre époque, dans une ville comme Paris, une telle chose ait été possible? La famille de René Robert ne s’était pas inquiétée de son absence cette nuit-là, car même s’il habitait à 50 mètres, il repassait parfois à son studio, terminer un travail. Mais les passants, qui forcément ont vu cet homme allongé, même s’ils l’ont peut-être pris pour un SDF, pourquoi n’ont-ils rien fait? La compagne du SDF qui a alerté les secours, retrouvée par la «Tribune de Genève» explique qu’on voyait bien qu’il ne s’agissait pas d’un sans-abri, «il était bien habillé». Et elle trouve stupéfiant qu’on l’ait découvert juste à côté d’un bar ouvert jusqu’à 3 heures du matin, sans que personne ne bouge. Son compagnon ne veut pas être médiatisé. «Il s’en veut de ne pas l’avoir découvert avant, d’avoir alerté les secours trop tard», nous explique Michel Mompontet. Comme si le seul à avoir eu un comportement humain était aussi le seul à ressentir de la honte.
Le journaliste est celui qui apporte tout de même une lueur d’espoir à cette histoire, en racontant dans un tweet ce que les échos de cette mort ont provoqué.