EspagneAccord de la gauche radicale pour une union en vue des législatives
Après dix jours de négociations, la gauche radicale a annoncé vendredi un accord in extremis pour s’unir en vue des législatives du 23 juillet, malgré des divergences et des détails à régler.
Cet accord, officialisé vendredi soir par Sumar, plateforme de la ministre communiste du Travail Yolanda Diaz, était indispensable pour permettre au Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui gouverne en coalition avec la gauche radicale, d’espérer se maintenir au pouvoir.
Il intègre une quinzaine de formations politiques, dont Podemos, principal parti de la gauche non socialiste, qui a finalement accepté de rejoindre la plateforme lancée par Yolanda Diaz, au terme de longues et difficiles négociations.
«Il s’agit de l’accord le plus large jamais atteint dans l’histoire démocratique espagnole entre des forces progressistes et écologistes», s’est félicité dans un communiqué Sumar («Rassembler»), en se félicitant de la «pluralité» de cette alliance.
Les partis espagnols avaient jusqu’à vendredi minuit pour déposer leurs candidatures pour ce scrutin anticipé, convoqué par Pedro Sánchez après la déroute de la gauche aux régionales et municipales du 28 mai. La composition exacte des listes doit elle être détaillée avant le 19 juin.
Principale figure de la gauche radicale, Yolanda Díaz s’était fixé pour objectif de rassembler tous les partis de cette famille politique sous la bannière de Sumar. Mais elle n’était pas parvenue jusqu’à présent à arracher la signature de Podemos.
«Injustice»
Ce parti, héritier du mouvement des Indignés, a subi une lourde débâcle lors du scrutin local du 28 mai et craignait de perdre de l’influence en se fondant dans la plateforme de Yolanda Díaz, avec qui les relations sont désormais tendues.
L’un des principaux obstacles était la candidature aux législatives d’Irène Montero, ministre de l’Égalité et compagne de l’ancien dirigeant historique de Podemos Pablo Iglesias, dont certains partis membres de Sumar ne voulaient pas, selon des médias espagnols.
Figure clé de Podemos mais personnalité clivante, Irène Montero a été très critiquée ces derniers mois dans le pays pour une loi sur les violences sexuelles, dont elle était à l’origine et qui a eu pour effet pervers de réduire les peines de centaines d’agresseurs.
L’«exclusion» d’Irène Montero est «une injustice et une terrible erreur politique», a regretté vendredi après-midi la secrétaire générale de Podemos Ione Belarra, disant s’opposer à ce «véto» sans renoncer pour autant à l’alliance avec Sumar. Ni Podemos ni Sumar n’ont donné vendredi soir le détail de leurs listes. Mais selon plusieurs médias espagnols, Irène Montero n’y figure pas.
L’union de la gauche radicale au sein de Sumar était considérée par les observateurs politiques comme fondamentale pour Pedro Sánchez si ce dernier souhaite conserver l’espoir de se maintenir au pouvoir à la tête d’une coalition de gauche.
Selon un sondage publié cette semaine par le quotidien El Pais, les conservateurs du Parti Populaire (PP) et l’extrême droite de Vox obtiendraient la majorité des sièges au Parlement lors des législatives si la gauche radicale partait divisée.
Dans le cas d’une union de Podemos et de Sumar, le PP remporterait le scrutin mais sans disposer de la majorité absolue avec Vox, ce qui laisserait une chance à la gauche de gouverner en minorité, avec le soutien de plusieurs partis régionalistes.