Jura bernoisBelprahon sera-t-elle la prochaine épine?
Dans une commune ayant refusé de justesse un transfert dans le canton du Jura, au contraire de Moutier, les autonomistes refusent d’abdiquer.
- par
- Vincent Donzé
Tandis que la commune bernoise de Moutier a choisi le canton du Jura, dans sa couronne, le village de Belprahon a refusé un transfert par 121 voix contre 114, le 17 septembre 2017. Or, selon la radio «RFJ», les autonomistes de cette localité ne baissent pas les bras, après la présentation mardi dernier du concordat fixant les modalités du transfert de sa grande sœur.
Dans leur concordat, les autorités bernoises et jurassiennes s’accordent sur un point: ce document met un terme définitif à la Question jurassienne par l’abrogation de l’article 139 de la Constitution jurassienne et ses prétentions territoriales sur le Jura bernois.
Naïf de croire
«C’est très naïf de croire qu’en enlevant l’article 139, la Question jurassienne sera réglée. C’est très mal connaître les autonomistes du Jura sud et en particulier ceux de Belprahon», a déclaré à «RFJ» Dominique Crelier, membre du comité «Belprahon dit oui».
Belprahon sera-t-elle la prochaine épine dans le pied de l’ours bernois? «On va se battre, actionner tout ce qu’on peut actionner et au bout d’un moment, il faudra bien nous prendre au sérieux», a affirmé Dominique Crelier. Problème: «L’appui du Gouvernement jurassien, nous ne l’avons plus eu depuis le vote de Moutier, de peur que Berne ne se fâche et retarde tout», constate cet autonomiste.
Finalement répété
Après le vote du 17 septembre 2017, les autorités autonomistes de Belprahon estimaient que la population n’avait pas pu se déterminer en toute connaissance de cause, en raison de l’incertitude pesant sur la validité du vote de Moutier du 18 juin 2017, finalement répété le 28 mars 2021.
La Confédération a écrit aux autorités de la commune pour leur expliquer qu’elle n’autorisera en aucun cas un nouveau vote sur l’appartenance cantonale. Mardi dernier, la ministre jurassienne Nathalie Barthoulot réfutait la théorie d’un sacrifice de Belprahon, mais pour son homologue bernois Pierre Alain Schnegg, le concordat établi «met un terme définitif à tout différend territorial entre les deux cantons».
Dans Le Cornet, appelé aussi Grand Val, Belprahon se situe à deux kilomètres à vol d’oiseau de Moutier. Sa vocation économique est essentiellement agricole, mais cette localité de 273 habitants est devenue une zone d’habitation pour des pendulaires travaillant à Moutier.
Avec Crémines et Perrefitte, Belprahon aimerait continuer d’envoyer ses élèves à l’école secondaire de Moutier, quand d’autres communes ont privilégié la mise en place d’une école secondaire à Grandval, en partenariat avec Valbirse.
Intimement lié
La commune explique que l’histoire du village est intimement liée à celle de Moutier depuis l’Ancien Régime. Belprahon est situé à l’écart des liaisons routière et ferroviaire: le village n’est pas traversé par la route cantonale et n’est pas desservi par une gare.
La population est restée stable jusqu’aux années 1960. lorsque le chemin d’accès au village a été goudronné, ce qui a permis la construction de nombreuses villas dans une nouvelle zone.