VoileAlinghi Red Bull Racing a posé la base de son succès
À Barcelone, le défi suisse a ouvert les portes de son antre, où tout a été pensé et conçu pour reconquérir la Coupe de l’America dans un an.
- par
- Grégoire Surdez Barcelone
La Coupe de l’America, 37e édition, a déjà commencé. Alors que les premières régates préliminaires auront lieu en cette fin de semaine à Vilanova, à 40 kilomètres au sud de Barcelone, la capitale catalane s’éveille au plus vieux trophée sportif de la planète. Dans le prolongement de la célèbre Rambla, les équipes ont redessiné les docks et les digues de Port Vell. C’est là que le Defender, Emirates Team New Zealand, et ses cinq Challengers, ont érigé leurs quartiers généraux qui deviendront le point névralgique de chacun.
«Une base aura eu de l’importance dans le projet surtout si le succès est au bout de l’aventure, explique Michel Hodara, cogeneral manager et directeur Head of business administration du défi suisse. Pour l’instant, c’est difficile de dire quel sera l’impact de cette base d’Alinghi Red Bull Racing mais on peut déjà dire que l’on s’y sent particulièrement bien». Avant même le premier coup de canon de la première régate, le Team suisse a décroché une première victoire. Six mois pour détruire un vieux cinéma multiplexe, et bâtir un immeuble au design épuré qui regroupe toutes les activités du challenger.
Un espace de 4600 m²
Des ateliers du rez-de-chaussée au Rooftop dédié au repos et à de futurs événements, en passant par les bureaux d’architectes du premier niveau, le restaurant et la salle de gym du 2e étage, les activités d’Alinghi Red Bull Racing sont regroupées dans 4600 m². «Tout a été pensé pour que chacun se sente à son aise, souligne Aurore Kerr, du Design Team. Le cadre de travail est exceptionnel et la proximité avec tous les corps de métiers impliqués est un vrai plus.»
En ce mercredi estival de la mi-septembre, la base s’est offerte aux yeux de la presse internationale. Avis aux amateurs, elle sera ouverte le 21 septembre prochain au public qui souhaiterait connaître l’envers du décor. Ensuite? Ce sera porte close pour tout le monde. Plus question de guigner dans les hangars géants où se reposent les mâts et les voiles entre deux sessions de navigation. Plus question de toucher du bout des yeux, les belles courbes des AC40 et de l’AC75 sur lesquels les marins ont pris leurs marques depuis un an et qui trônent sur leurs supports, leurs foils savamment recouverts d’un voile de pudeur.
La culture du secret
La Cup, c’est la culture de l’excellence. Elle passe aussi par une culture du secret et de la prudence. Téléphones portables, qui sont bien plus que cela, caméras et appareils photos sont invités à se mettre au chômage le temps d’une visite guidée menée par des membres du power group du défi suisse. «On se doit d’être toujours prudent, explique l’un des guides, Nils Theuninck. Dans ce que l’on peut montrer, bien sûr, mais également dans ce que l’on peut dire. Il arrive parfois qu’on rencontre des marins d’autres équipes que l’on connaît par ailleurs. Du coup, on a l’habitude de ne rien dire qui pourrait porter à conséquence.»
Ce que l’on peut dire, en revanche, c’est que la chair sera de qualité chez Alinghi Red Bull Racing. Le restaurant a été confié à l’expertise du chef étoilé Romain Fornell, l’une des figures de la gastronomie barcelonaise. Les gros bras du Team seront bien nourris, c’est certain. La coupe se gagne aussi dans l’assiette. Mais c’est surtout dans les bureaux que l’essentiel prend racine. Sans surprise, l’espace dédié au Design Team sera celui qui ne montrera rien. Si ce n’est un grand open space dans lequel s’affaire une armée d’ingénieurs, debout pour la plupart, devant leurs écrans. C’est ici que tout est envisagé pour le futur AC75 Alinghi Red Bull Racing, que tout est pesé, et parfois emballé. C’est d’ici que doit jaillir l’étincelle qui mettra le feu au plan d’eau de Barcelone, dans un an.
La visite de base s’achève. Sur l’écran géant du lobby, les images des régates d’entraînement qui ont lieu au même moment à Vilanova attirent les regards. Les bases semblent bonnes aussi sur l’eau où Alinghi Red Bull Racing chatouille les Italiens de Luna Rossa et Emirates Team New Zealand. «L’entrée dans notre base en juillet était un moment clé de la campagne, dit Michel Hodara. Les premières régates en seront un autre à n’en pas douter».
La 37e Coupe de l’America commence vendredi, sur l’eau.