Espèce protégéeEn Espagne, les éleveurs veulent pouvoir tuer le loup
Après des attaques plus fréquentes sur les cheptels, des éleveurs espagnols ont appelé mercredi à lever l’interdiction de chasser le loup.
Les éleveurs espagnols ont tiré mercredi la sonnette d’alarme face à la hausse des attaques de loup sur leurs troupeaux, demandant au gouvernement de revenir sur l’interdiction de la chasse de cette espèce protégée, en vigueur depuis 2021.
Selon le syndicat agricole Coag, qui dit se baser sur des données communiquées par les régions espagnoles comptant le plus grand nombre de loups, 12’898 attaques ont été recensées en 2022 contre 10’560 en 2021, soit une hausse de 19% en un an.
On recense ainsi désormais en moyenne «35 attaques de loups chaque jour en Espagne», souligne le Coag, qui attribue cette augmentation à la réforme introduite en septembre 2021 par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez.
Chasse interdite
Jusqu’alors, les régions du nord de l’Espagne traitaient le loup comme une espèce cynégétique, ce qui permettait d’en abattre un certain pourcentage. Mais pour unifier les règles, sa chasse a été interdite dans tout le pays, comme c’est le cas en France ou en Italie. L’objectif est de «garantir la coexistence entre les éleveurs et les loups», avait expliqué à l’époque la ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, en disant s’appuyer sur les recommandations des scientifiques.
Pour le Coag, principal syndicat d’agriculteurs espagnols, l’interdiction de la chasse a cependant été une «erreur», que le gouvernement doit «rectifier immédiatement». Il faut «une réflexion profonde» sur le statut du loup, espèce «en expansion» et non pas «en danger», insiste-t-il.
La demande du syndicat espagnol survient alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé début septembre une possible révision du statut de protection du loup, mettant en garde contre le «danger» que font, selon elle, peser ces animaux.
Annonce critiquée
Cette annonce a été vertement critiquée par les associations écologistes, à l’image de WWF, qui a dénoncé les «informations trompeuses» véhiculées par la responsable allemande, accusée d’avoir lancé «un processus de consultation non transparent et irrégulier».
En vertu de la directive européenne «Habitats» de 1992, la plupart des populations de loups en Europe bénéficient d’une protection stricte. La question de leur nombre est cependant au cœur d’une bataille de chiffres entre éleveurs et associations de protection de l’environnement.
En France, un nouveau «plan loup» censé permettre un «meilleur équilibre» entre protection des troupeaux et conservation de l’espèce a été présenté lundi. Ce dernier a été critiqué aussi bien par les éleveurs que par les défenseurs du prédateur.