Ski alpinNoémie Kolly ne veut plus quitter la Coupe du monde
Après sa grosse frayeur à Lake Louise (Canada), la Fribourgeoise de 23 ans a obtenu le feu vert pour disputer les super-G de St-Moritz. Empiler les tops 30 est une condition pour rester dans l’élite.
- par
- Sylvain Bolt -St-Moritz
Ce n’était pas forcément comme ça qu’elle avait imaginé sa première expérience au Canada. Noémie Kolly disputait les premières secondes de la première descente de Lake Louise le week-end passé, lorsqu’elle a commis une faute sur l’intérieur.
En se rattrapant, elle a frappé la neige avec l’avant-bras. «Le choc a écrasé le muscle qui a comprimé un nerf, explique la Gruérienne. J’ai ressenti des décharges électriques dans la main.»
Son rêve canadien a été stoppé net et la Fribourgeoise a dû faire l’impasse sur la deuxième descente le samedi puis sur le super-G dominical. «Mais ça va beaucoup mieux, j’ai plus de force et la mobilité revient gentiment, nous rassure la skieuse de 23 ans juste après avoir reçu le feu vert de sa physio. Je vais pouvoir prendre le départ ce week-end à St-Moritz. Et puis je retiens le positif de cette expérience. C’était assez fou de partir skier un mois loin de la maison et j’ai découvert une piste de plus en Coupe du monde, donc c’est déjà ça de pris sur l’année prochaine.»
L’exploit de Crans-Montana
La seule romande de l’équipe de suisse de vitesse avait réalisé un gros coup en janvier passé, en décrochant avec son dossard 44 la 12e place du super-G de Crans-Montana, pour son… deuxième départ dans la discipline en Coupe du monde. «Ce résultat sortait un peu de nulle part, c’est vrai, sourit la Fribourgeoise. Mais quoiqu’il arrive, on ne m’enlèvera jamais ce top 15 et je peux continuer ma progression sereinement.»
La carrière de la membre du ski-club la Berra a suivi une courbe ascendante, avec un premier coup d’éclat, fin février 2019 et une médaille aux Mondiaux juniors de Val di Fassa.
Un bonheur suivi six mois plus tard par un coup du sort. Victime d’une chute à l’entraînement lors de la préparation estivale à Saas-Fee, la Fribourgeoise a été touchée au genou: rupture du ligament croisé antérieur avec fissure du plateau tibial.
Un hiver blanc, 613 jours très exactement sans skier, puis un retour la saison passée pour tenter de gratter une place derrière les stars nationales Lara Gut-Behrami, Corinne Suter ou Michelle Gisin.
«C’est difficile de faire son trou en Suisse, car nous sommes une nation très concurrentielle, souligne Noémie Kolly. Au moins, quand tu obtiens une place en tant que Suissesse, tu sais que tu fais partie des meilleures skieuses de la planète.»
Un cap à franchir
Cette place fixe en Coupe du monde, c’est le Graal pour la Romande du cadre B qui a l’objectif de rejoindre le cadre A à la fin de la saison. Mais elle n’est pas la seule à vouloir franchir ce cap. Et la donne est assez simple: la Fribourgeoise doit terminer dans le top 30 d’une discipline (descente ou super-G) pour s’y assurer une place fixe dans le cirque blanc.
«Je dois donc réussir plusieurs résultats dans les trente premières ces prochaines courses et nous ferons le point à Noël avec mes entraîneurs, détaille la Suissesse. Il y a le risque que je doive repasser par la Coupe d’Europe pour remplir les critères de ma fédération et pouvoir rester dans les cadres.»
Mais l’espoir romand en vitesse n’a pas forcément envie de redescendre dans l’antichambre de la Coupe du monde. «J’ai de la peine à y faire de très bons résultats car les pistes sont parfois trop faciles et ne me conviennent pas, explique-t-elle. Je pense aussi que je suis moins concentrée qu’en Coupe du monde, car je ressens moins cette pression positive.»
À St-Moritz, Noémie Kolly découvrira une nouvelle piste pour son 11e départ en Coupe du monde samedi. «C’est précieux de pouvoir récolter les avis de skieuses plus expérimentées mais ça reste un sport individuel et disons que certaines donnent plus facilement des conseils que d’autres, témoigne la Suissesse. Le super-G, c’est une course qui se joue à l’instinct, sans entraînements et possibilités de corriger les erreurs grâce à la vidéo. Je fais encore pas mal de fautes de lignes.» La Fribourgeoise aura deux occasions d’apprivoiser la Corviglia ce week-end.