Irlande du NordEx-soldat britannique reconnu coupable d’un meurtre commis en 1988
Le militaire disait avoir tiré par accident, en 1988, dans le dos d’Aidan McAnespie, qui traversait la frontière entre Irlande du Nord et Irlande. Pour le juge, il est «coupable, sans aucun doute».
Un ancien soldat britannique a été reconnu coupable, vendredi, par un tribunal nord-irlandais, du meurtre d’un jeune homme en 1988, pendant les «Troubles», période meurtrière dans la province britannique. D.H., 53 ans, a été condamné pour homicide par un tribunal de Belfast pour le meurtre de Aidan McAnespie, 23 ans, tué d’une balle dans le dos alors qu’il traversait la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, en 1988.
C’est la première fois, depuis l’accord de paix de 1998, qu’un ancien militaire britannique est condamné en Irlande du Nord pour des faits commis pendant les «Troubles», ces trois décennies de conflits meurtriers dans la province britannique. Avant l’accord de paix conclu en 1998, le conflit opposant unionistes, principalement protestants et partisans d’un maintien de la province sous la couronne britannique, et républicains, essentiellement catholiques et militant pour une réunification de l’île, a fait 3500 morts.
Il dit avoir tiré «par accident», les «mains humides»
La question des poursuites d’anciens militaires pour des faits commis pendant cette période divise en Irlande du Nord, où le conflit est encore vif dans les mémoires. Lors du procès, le juge John O’Hara a rejeté l’explication de l’accusé, qui affirmait avoir tiré par accident, car il avait les mains humides. Le juge a estimé qu’il s’agissait d’une justification «délibérément fausse». Selon le juge, l’ancien soldat, originaire d’Angleterre mais enregistré comme un habitant de Belfast, est «coupable sans aucun doute raisonnable».
«La famille McAnespie a obtenu gain de cause dans sa longue campagne pour la vérité et la justice pour Aidan», a tweeté la cheffe du parti nationaliste Sinn Fein à Belfast, Michelle O’Neill. «Le gouvernement britannique légifère pour empêcher d’autres familles d’obtenir justice, et il faut l’en empêcher.»
En mai, Londres a renoncé à un projet d’amnistie généralisée revenant à abandonner toutes les poursuites judiciaires relatives au conflit nord-irlandais. Mais un texte est en discussion au Parlement, pour réserver cette amnistie à ceux qui coopéreront, un projet de loi très impopulaire chez les proches de victimes, à Dublin comme à Belfast.
Une bouffée d’espoir pour les familles des victimes
Pour Darragh Mackin, l’avocat de la famille McAnespie, le jugement de vendredi va donner de l’espoir à tous les proches de victimes. De son côté, Paul Young, porte-parole d’un mouvement de vétérans nord-irlandais, a estimé que les anciens militaires allaient être déçus par le verdict et a affirmé espérer que l’affaire soit de nouveau jugée en appel.