Espions russes: la Suisse au coeur du dispositif de Moscou

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DiplomatieEspions russes: la Suisse au coeur du dispositif de Moscou

Un espion russe sur cinq en Europe est désormais stationné en Suisse. Cela menace notre sécurité, estiment des experts et des politiciens.

Photo d’illustration.

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Ils semblent inoffensifs, les espions russes en Suisse, écrit la «NZZ am Sonntag». La plupart d'entre eux sont des diplomates accrédités. Pourtant, ils collectent des informations pour le compte de la Russie. C’était déjà le cas avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, mais la situation a désormais atteint son paroxysme. Selon le Service de renseignement de la Confédération (SRC), un cinquième de tous les agents du renseignement russes déployés en Europe est désormais stationné en Suisse. Cela représente au total plus de 80 agents, comme l'a expliqué début septembre un haut responsable du SRC aux membres de la Commission de politique extérieure du Conseil national (CPE).

Cette évolution est liée au fait que d’autres États expulsent des diplomates russes soupçonnés d’espionnage. «Cela accroît l'importance de la Suisse pour la Russie», estime l'historien et expert en renseignement Adrian Hänni. Il apparaît clairement que les personnes accréditées à Berne et à Genève assument désormais des tâches qui étaient auparavant accomplies à l'étranger.

«Menace pour la sécurité»

Le Parti socialiste et le Centre sont d’avis d’expulser systématiquement les espions russes. «Ces agents étrangers représentent une menace pour la sécurité intérieure et extérieure de la Suisse», affirme le conseiller national Fabian Molina (PS/ZH). «Nous ne devrions pas être naïfs. La menace des services secrets russes est bien réelle», déclare pour sa part le président du Centre, Gerhard Pfister.

L'UDC et le PLR souhaitent toutefois s'en tenir à une pratique tolérante. «Si nous commençons à expulser le personnel de l'ambassade de Russie hors de notre pays, l'ambassade de Suisse à Moscou sera vide dans quelques jours, c'est certain», avertit Roland Rino Büchel (UDC/SG).

Le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) partage cette prudence. «Le Conseil fédéral n'impose aucune sanction sous forme d'expulsion de diplomates», écrit-il. Il existe toutefois des interdictions d'entrée contre les diplomates russes expulsés d'autres pays. Depuis le début de la guerre en Ukraine, 270 interdictions de ce type ont été prononcées. Durant cette période, cependant, les Européens ont procédé à 600 expulsions. 

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(cle)

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