Grandes manoeuvres au Mexique pour sauver le marsouin du Pacifique

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EnvironnementGrandes manœuvres au Mexique pour sauver le marsouin du Pacifique

Sous l’impulsion des États-Unis et de Leonardo DiCaprio, la marine militaire tente d’empêcher que les rares cétacés qui restent meurent dans les filets des pêcheurs.

Un bateau, un avion, des canots d’interception rapide: la marine mexicaine est à la manœuvre dans le golfe de la Basse Californie pour éviter l’extinction du mammifère marin le plus menacé au monde, le marsouin du Pacifique, sous la pression des États-Unis et de l’acteur Leornardo DiCaprio.

Dès le lever du jour, au large de la ville de San Felipe, les marins traquent les pêcheurs illégaux autour de la «zone de tolérance zéro», sanctuaire de la «vaquita marina» (la «petite vache marine», son nom en espagnol). Phocoena sinus est le plus petit cétacé du monde (1,5 mètre, 50 kilos), et aussi le plus menacé, à tel point que des environnementalistes redoutaient son extinction dès cette année.

Moins de 20 individus

Il ne resterait qu’entre six et 19 individus, menacés d’étouffement dans les filets des pêcheurs en quête d’une autre espèce très convoitée, le poisson totoaba.

Dès l’aube, des marins et des fonctionnaires vérifient que les pêcheurs disposent d’un permis en règle pour pêcher des espèces autorisées, comme la corvina. «Ils nous surveillent tous les jours», affirme un pêcheur, Roberto Lopez. «Il faut qu’ils aillent au-delà du Malecon (jetée), de là-bas partent beaucoup d’embarcations qui n’ont pas les autorisations». La marine affirme qu’elle a récupéré 70 filets depuis le début de l’année, contre 172 sur l’ensemble de 2021.

L’heure est presque à l’optimisme chez les acteurs de cette «Opération miracle», durant un parcours en mer organisé fin mars avec la presse, dont l’AFP. «Nous voyons une réduction spectaculaire des filets de pêche illégale», explique à l’AFP le directeur exécutif de l’ONG Sea Shepherd, Chuck Lindsey.

«Les efforts de ces trois ou quatre derniers mois signifient que la «vaquita» dispose de chances de survie comme jamais ces dernières décennies», ajoute le représentant de l’ONG américaine, qui travaille avec la marine mexicaine.

La préservation du marsouin du Pacifique est devenue un enjeu diplomatique. En février, les États-Unis ont officiellement demandé au Mexique de lancer des «consultations» au sujet de cette espèce en voie d’extinction. Washington voulait s’assurer que Mexico «remplit ses engagements environnementaux» dans le cadre du traité commercial de libre-échange Mexique États-Unis Canada (EUMC). Le Mexique a promis des actions coordonnées pour sauver l’espèce.

DiCaprio a produit un film sur le sujet

Un autre Américain a pris à cœur la cause des «vaquitas», que l’on ne trouve qu’au large des côtes de la mer de Cortès, à quelque 500 km au sud-est de Hollywood: Leonardo DiCaprio. L’acteur du film «Don’t look up» sur le déni du dérèglement climatique a produit un film sur la lutte contre l’extinction des «vaquitas» et des totoabas, «Sea of Shadow».

«Quand les cartels de la drogue mexicains et les trafiquants chinois unissent leur force pour braconner le poisson totoaba, leurs méthodes criminelles menacent de détruire virtuellement toute vie marine dans la région», lit-on dans le «pitch» du film.

En août, l’acteur a accusé le gouvernement mexicain de vouloir supprimer la zone de protection du marsouin du Pacifique, en réagissant à des publications de presse.

Le panda de la mer

L’«Opération miracle» a été lancée en 2015 pour sauver le petit cétacé argenté facilement reconnaissable aux cercles obscurs qui entourent ses yeux et sa bouche, ce qui lui vaut également le nom de panda de la mer.

La population de la «vaquita» a diminué drastiquement car l’espèce a été la victime collatérale de la pêche du poisson totoaba, dont la «vessie nageoire» se vend jusqu’à 8000 dollars le kilo en Chine, en raison de ses supposées vertus médicinales.

La vaquita marina est considérée comme une espèce en voie d’extinction depuis 1996 et en 2019 l’Unesco a ajouté le golfe de Californie à sa liste du Patrimoine mondial en danger.

(AFP)

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