AllemagneCondamnée à 2 ans avec sursis, une ex-secrétaire de camp nazi va faire appel
La quasi centenaire avait été reconnue coupable le 20 décembre de complicité de meurtre dans plus de 10’000 cas au camp de concentration de Stutthof, où elle travaillait dans les années 1940.
Une ancienne secrétaire d’un camp de concentration nazi âgée de 97 ans, récemment condamnée à 2 ans de prison avec sursis pour complicité de meurtre, a décidé de faire appel, a annoncé mercredi le tribunal d’Itzehoe, dans le nord de l’Allemagne. La Cour fédérale de justice sera chargée d’examiner d’éventuels vices de procédure, a précisé une porte-parole du tribunal dans un communiqué, précisant que d’ici là, le verdict n’était «pas exécutoire». Un représentant de partie civile a également fait appel, a-t-elle ajouté.
Irmgard F., 97 ans, s’est vu infliger le 20 décembre une peine de 2 ans de prison avec sursis au terme de l’un des ultimes procès sur l’époque nazie en Allemagne. Accusée de complicité de meurtre dans plus de 10’000 cas au camp de Stutthof, dans l’actuelle Pologne, elle était jugée depuis septembre 2021.
Selon le tribunal, «l’odeur des cadavres était omniprésente»
La condamnation était conforme aux réquisitions du parquet qui avait souligné la «signification historique exceptionnelle» de ce procès, avec un jugement avant tout «symbolique». Ses deux avocats avaient en revanche demandé un non-lieu. Selon eux, le procès n’a pas prouvé qu’elle avait connaissance des meurtres pratiqués de façon systématique à Stutthof.
À proximité immédiate des prisonniers, «l’odeur des cadavres était omniprésente» a de son côté estimé le tribunal, considérant «inimaginable que l’accusée n’ait rien remarqué». L’intéressée s’était déclarée «désolée pour tout ce qui s’est passé» et avait dit «regretter d’avoir été à Stutthof à ce moment-là».
L’Allemagne traque toujours les criminels nazis
Âgée au moment des faits de 18 à 19 ans, Irmgard F. était employée en tant que dactylographe et secrétaire du commandant du camp, Paul Werner Hoppe. À Stutthof, un camp proche de Gdansk (Dantzig à l’époque) où périrent environ 65’000 personnes, des détenus juifs, des partisans polonais et des prisonniers de guerre soviétiques ont été systématiquement tués.
Septante-sept ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne continue de rechercher d’anciens criminels nazis encore en vie. La jurisprudence de la condamnation en 2011 de John Demjanjuk, un gardien du camp de Sobibor (Pologne) en 1943, à 5 ans de prison ferme permet désormais de poursuivre pour complicité de dizaines de milliers de meurtres n’importe quel auxiliaire d’un camp de concentration. En juin dernier, un ancien gardien du camp de concentration de Sachsenhausen, au nord de Berlin, âgé de 101 ans, a écopé de 5 ans de prison.