Motocyclisme«Never give up», vraiment?
Jusqu’où peut-on (doit-on?) aller après une chute? Comment mesurer la limite entre l’acte héroïque et la décision absurde? Comme beaucoup d’autres avant lui, Aleix Espargaró se pose la question à Silverstone.
«Okay, tu peux tenter de prendre le départ. Mais attention, chute interdite!» Combien de pilotes ont-ils entendu pareil discours dans un passé plus ou moins récent? De Jacques Cornu arrivant sur la grille appuyé sur des béquilles – à l’époque, les départs se faisaient moteur en marche et le Neuchâtelois avait été autorisé à s’élancer de la dernière ligne, poussé par l’un de ses mécaniciens! – à Marc Márquez, revenu très tôt, trop tôt on le sait aujourd’hui, après sa terrible chute du GP d’Espagne en 2020. Bien sûr qu’un pilote peut limiter sa prise de risques, mais garantir de ne pas tomber une nouvelle fois, personne ne peut l’assurer. Alors…
Mission impossible pour Espargaró?
Samedi dans l’après-midi, quand on a vu Aleix Espargaró remonter en selle moins d’une heure après une chute terrifiante, quand on l’a vu signer provisoirement la pole position – record absolu du circuit de Silverstone à ce moment-là de la séance –, on s’est tous levés pour applaudir l’exploit.
Exploit inutile? En fin de journée, Aprilia faisait savoir qu’Aleix Espargaró avait besoin de se reposer un maximum, que tous ses rendez-vous (avec les médias, auprès des partenaires…) étaient annulés. De quoi remettre en question sa participation à la course? De quoi contredire le fameux «never give up» (ne jamais renoncer) cher à Monsieur Louis Chevrolet?
«Mon «highside» a été extrêmement violent. Les douleurs sont très importantes; avec l’équipe et les médecins, nous avons décidé de rester tranquilles jusqu’à demain, puis d’analyser la situation après le «warm-up» matinal. Je vais bien sûr tout faire pour participer à ce GP, mais comme il s’agit d’une partie du corps – les chevilles – qu’on utilise énormément en pilotant, nous devons regarder s’il y a une réelle possibilité de rouler», faisait savoir dans la soirée le dauphin actuel de Fabio Quartararo en championnat du monde MotoGP.
La phrase du jour: Takaaki Nakagami
«Pour dire la vérité, nous sommes un peu perdus.» Alex Márquez 17e , Pol Espargaró 18e , Takaaki Nakagami 20e et le remplaçant de Marc Márquez, Stefan Bradl, finalement 21e (il a été rétrogradé de trois places pour avoir gêné Bezzecchi durant les essais), Honda est plus que jamais au fond du trou.
«Un peu perdu», comme l’affirme Nakagami qui devrait d’ailleurs perdre sa place en fin de saison? Précision du Japonais: «L’an dernier, Pol Espargaró avait signé ici la pole position en 1’58’’8; cette année, la pole est plus d’une seconde plus rapide. Honda n’arrive tout simplement pas à s’améliorer.»
Miller: si les techniciens le disent...
Après Enea Bastianini et Jorge Martin vendredi, presque tous les autres pilotes Ducati ont essayé le nouveau dosseret de selle garni de quatre petites ailettes. Parmi eux, Jack Miller (3e sur la grille), qui quittera Borgo Panigale en fin de saison, ce qui ne l’empêche pas de bénéficier de toutes les nouveautés.
«Je sais que c’est inhabituel, mais cela fait partie de l’ADN Ducati, tout donner à ses pilotes jusqu’au dernier jour de la collaboration.» Et ces petites ailettes? «Honnêtement, je n’ai pas vu de grande différence. Mais si cette nouveauté plait aux techniciens, il n’y a pas, pour moi, le moindre problème: je l’utiliserai en course.»