FranceÉric Coquerel visé par une enquête pour harcèlement et agression sexuels
Sophie Tessier, une militante de gauche, accuse Éric Coquerel de faits «pouvant s’apparenter à une agression sexuelle», datant de 2014.
Éric Coquerel (LFI), le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, est visé par une enquête après la plainte d’une militante de gauche, Sophie Tissier, qui l’accuse de faits pouvant selon elle «s’apparenter à une agression sexuelle», ce qu’il conteste.
Le parquet de Paris, sollicité par l’AFP, a indiqué mercredi avoir ouvert la veille une enquête préliminaire pour agression et harcèlement sexuels. Sophie Tissier, ancienne figure des «gilets jaunes» de 43 ans, dénonce dans sa plainte, déposée début juillet et consultée par l’AFP, des faits commis par Éric Coquerel «pouvant s’apparenter à une agression sexuelle» le 23 août 2014 à Grenoble.
Lors d’une soirée dansante, à l’issue d’une journée de conférences, Éric Coquerel a eu des «gestes appuyés, ses mains étaient collantes et glissaient sur des parties du corps inappropriées (…), il effleurait mes fesses à plusieurs reprises», relate-t-elle. La militante dit lui avoir «fait comprendre qu’il (l)'importunait et (l')indisposait».
La soirée se poursuivant dans une boîte de nuit, il l’aurait «prise par la taille et les hanches avec insistance», puis envoyé des invitations à le rejoindre à l’hôtel, selon elle. La militante avait expliqué à l’AFP avoir été «méprisée» par le parti La France insoumise (LFI) «depuis des années» et fait état des «conséquences terribles» sur sa vie et son parcours de militante depuis les «agissements» dénoncés. Elle a affirmé avoir saisi le comité de suivi des violences sexuelles (CVSS) de LFI.
«Pas une ligne rouge»
Le délai maximum étant de six ans pour porter plainte en cas de délit, les faits pourraient être prescrits. Les investigations confiées à la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP) ne concernent, pour l’instant, que la plainte de Sophie Tissier, selon deux sources proches du dossier.
«Je suis soulagée que le parquet prenne au sérieux ma plainte et ouvre une enquête. C’est un signal fort envers les femmes, pour que nous puissions continuer d’exister dans l’espace public sans restreindre la liberté de notre parole quand elle appelle à la justice», a réagi Sophie Tissier sur Twitter. Cette enquête va permettre de «libérer la parole et d’entendre l’auteur», a réagi auprès de l’AFP son avocat, Me Étienne Lesage.
Cette enquête est «la suite logique d’une plainte» et «ce n’est pas une ligne rouge» étant donné que la plaignante «a estimé que ce n’était ‘‘pas suffisamment grave’’» auprès de Mediapart, a balayé de son côté l’entourage de LFI.
La militante avait rendu publiques ses accusations contre Éric Coquerel juste après son accession le 30 juin au poste stratégique de président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale. Ses accusations ont été «opportunément relayée(s) sans retenue, ni enquête, ni vérifications» et ont «permis de ‘‘faire parler d’autre chose’’», avait réagi l’élu de LFI sur BFMTV.
«Coupable de rien»
«Même une cause juste comme #MeToo peut être instrumentalisée», avait estimé le député de Seine-Saint-Denis, l’un des plus fidèles proches de Jean-Luc Mélenchon, annonçant que le mouvement envisageait «de porter plainte contre tous les gens qui se répandent en calomnies».
Éric Coquerel a écarté toute similitude avec la situation de l’ancien ministre des Solidarités Damien Abad. Visé par une enquête après une plainte pour tentative de viol, ce dernier n’a pas été reconduit lors du remaniement. «C’est une suite logique de la procédure pénale», a réagi mercredi soir auprès de l’AFP l’avocate d’Éric Coquerel, Me Olivia Ronen.
«Éric Coquerel se tient à disposition des enquêteurs et saisira si nécessaire l’opportunité d’être enfin confronté à une accusation précise pour pouvoir contester les faits qui lui sont reprochés», a-t-elle ajouté. Le chef des insoumis Jean-Luc Mélenchon a répété par tweet son soutien: «Mesquine réplique contre Éric Coquerel destinée à le salir sans cause. Complète solidarité avec lui».
L’ouverture de cette enquête intervient alors que le mouvement de Jean-Luc Mélenchon est critiqué pour sa gestion interne des accusations de violences sexuelles. Après un long silence, le journaliste Taha Bouhafs, privé par LFI d’investiture après des accusations de violences sexuelles, a reproché au parti de ne pas lui avoir permis de se défendre. Ses trois avocats ont critiqué une procédure «hors du droit» menée par le CVSS de LFI. Jean-Luc Mélenchon a reconnu qu’il fallait améliorer des procédures de cette instance.